Afrique de l’Est: mise en garde contre les risques de crise humanitaire


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La situation humanitaire dans les régions Somali, de l’Ethiopie, et du Darfour, au Soudan, pourrait empirer, a prévenu John Holmes, le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies, qui a également exhorté la communauté internationale à se mobiliser pour venir aider et protéger la population civile.

« Je suis extrêmement préoccupé par la situation humanitaire dans les trois régions que j’ai visitées », a déclaré M. Holmes en présentant un compte-rendu devant le Conseil de sécurité des Nations Unies.
« Elle est le reflet des nombreux problèmes politique et sécuritaire que connaît la région actuellement et qui doivent constituer un réel sujet de préoccupation pour ce Conseil ».

La région Somali, l’une des plus pauvres d’Ethiopie, est en proie depuis longtemps à un conflit entre les forces gouvernementales et le Front de libération national de l’Ogaden.

« L’intensification de ce conflit en 2007 fait craindre que l’insécurité alimentaire chronique qui prévaut déjà dans la région ne plonge dans la famine une bonne partie des 4,5 millions d’habitants qui y vivent », s’est inquiété le Secrétaire général adjoint.

Entre autres sujets de préoccupation, M. Holmes a parlé des opérations militaires qui limitent considérablement les activités commerciales à la frontière de la région Somali ; l’insécurité, avec ses conséquences directes sur la distribution des vivres ; la récente saison des pluies catastrophique et une situation sanitaire et nutritionnelle inquiétante.

« Le gouvernement [éthiopien] a estimé que les problèmes humanitaires sont exagérés ; qu’il n’y aurait actuellement aucune entrave aux activités commerciales ; et qu’il ne devrait y avoir aucune difficulté à faire parvenir l’aide alimentaire à la population », a-t-il ajouté.
« Il nous a fallu reconnaître que nous étions en désaccord sur l’analyse de la crise, mais nous allons tenter de trouver un terrain d’entente ».

« Toutefois, le Premier ministre [Meles Zenawi] a donné des assurances que le gouvernement répondrait à toute crise, comme si nos prédictions de scénarios catastrophes étaient justifiées. Il m’a assuré que toutes les dispositions nécessaires seraient prises pour éviter tout risque de famine ».

A propos du Soudan, M. Holmes a indiqué que la situation au Darfour continuait de se détériorer et que l’opération restait fragile.

« Mes principaux sujets de préoccupation sont les restrictions d’accès, la violence contre les civils et le personnel humanitaire et le manque de respect des principes humanitaires par toutes les parties au conflit », a-t-il expliqué devant le Conseil.

Les affrontements entre signataires et non signataires de l’accord de paix du Darfour, les bombardements aériens, les milices et les conflits interethniques, le banditisme et l’absence totale de lois continuent de causer de graves préjudices à la population du Darfour.

« Cette année, près de 280 000 civils ont fui la violence vers des camps de personnes déplacées déjà surpeuplés ou dans la brousse, et pour bon nombre d’entre eux, c’est la deuxième, voire la troisième, fois qu’ils se retrouvent confrontés à cette situation », a-t-il expliqué. « Les conséquences sont graves – par exemple, l’augmentation des cas de malnutrition dans plusieurs régions du Darfour.

John Holmes, Secrétaire général adjoint des Nations Unies pour les affaires humanitaires « Il ya aussi d’autres implications tout aussi graves. A Adilla, une région à l’est du Sud Darfour, non loin de Haskanita dans le Nord-Darfour, où des combats ont éclaté au mois d’août, un dispensaire a signalé en septembre 183 cas d’infections transmises sexuellement, dont 40 concernaient des enfants de moins de cinq ans ».

Depuis le début de l’année, a-t-il ajouté, 128 véhicules humanitaires ont été volés, 118 employés ont été pris en otage temporairement, plus de 59 autres ont subi des agressions physique et sexuelle et 12 travailleurs humanitaires ont été tués.

« La réalité est que le Darfour a de plus en plus besoin d’une assistance humanitaire », a déclaré M. Holmes. « Le plan de travail 2008 pour les besoins humanitaires et les activités de reconstruction au Darfour est chiffré à 825 millions de dollars ».

Concernant la Somalie, M. Holmes a déclaré au Conseil : « Les Nations Unies estiment que plus de la moitié de la ville [Mogadiscio], la [capitale] s’est vidée de ses habitants. Quelque 230 000 personnes vivent sur une portion de route longue de 15 kilomètres entre Mogadiscio et la petite ville d’Afgoye, il s’agit probablement du plus grand groupe de personnes déplacées au monde aujourd’hui.

« Toutes les personnes rencontrées dans les camps disent avoir fui les actes de violence et d’intimidation qui avaient fini par rendre leur vie à Mogadiscio insupportable », a-t-il ajouté. « Certains ont parlé de tireurs isolés qui semaient la panique dans les rues. Bon nombre sont partis en n’emportant avec eux que les vêtements qu’ils portaient.

« Il y a quelque 1,5 million de personnes dans le besoin. Je demande à la communauté internationale, aux institutions internationales et aux organisations non-gouvernementales de renforcer leur présence et les ressources consacrées à la situation humanitaire en Somalie. En 2007, nous avions demandé 300 millions de dollars pour la Somalie dans le cadre de l’appel consolidé. Pour 2008, il faudra prévoir au moins 400 millions ».

Dans les trois pays, M. Holmes a félicité les travailleurs humanitaires qui tentent d’apporter une réponse aux crises.

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