Adieu Amobé, Adieu mon frère


Lecture 3 min.
Amobé Mévégué
Amobé Mévégué

Adieu Amobé, Adieu mon frère.

Il n’est pas un journaliste africain, pas un musicien africain, pas un poète africain, pas un combattant de la culture et de l’esprit dans le monde, qui ne se soit senti un peu plus seul, un peu plus vieux, un peu perdu, ce jour, quand Amobé Mévégué a rendu l’âme.

C’est parce que cette âme était tellement grande !

Adieu Amobé, toi le compagnon qui chevauchait nos médias avec la légèreté et la simplicité de ton intelligence tranquille. À cette heure où tu nous a quittés, je ne peux pas faire autre chose qu’écrire, écrire pour agir, écrire pour dire que ton combat est partout et toujours le nôtre : donner à l’Afrique qui pense, qui vit, qui ressent, toute la place qui lui revient dans le grand théâtre des civilisations. Tu es tombé le premier d’une génération qui a cru dans la communication, et qui s’est battue sans relâche pour que la presse, la radio, la télévision, l’Internet, accueillent et fassent rayonner les créateurs, les écrivains, les penseurs, les artistes de notre continent.

Cela n’a jamais été un combat facile, c’était toujours à quitte ou double, à qui perd gagne, c’était toujours de l’énergie à revendre, c’était encore cette bataille permanente pour financer nos rêves et proclamer nos convictions.

Amobé tu étais cette volonté, cette affirmation implacable : à peine plus jeune que nous, tu étais notre aîné et tu nous partageais ta force inépuisable, et nous avons trouvé, aux heures de découragement, ton épaule fraternelle.

Amobe Mévégué (RFI-Afrobiz) et Olivier Zegna Rata (Canal +)
Amobe Mévégué et Olivier Zegna Rata, en 2005

Quand AFRIK.COM et AFRIK.TV allaient mal, quand nous n’avions plus de locaux pour abriter les rédactions, et que nous ne savions plus trop comment reprendre notre élan, tu nous as généreusement accueillis au siège parisien d’Ubiznews, cette télévision africaine du câble et du satellite à laquelle tu avais donné le jour… Rue Charles Fourier, tout un symbole. Et nous avons ressuscité là, dans ce phalanstère fraternel où s’élaborait chaque jour mille projets d’articles, de reportages, de productions.

Aujourd’hui nous nous sommes tous regardés, d’un bout à l’autre du monde, en Afrique, en Europe, dans les Caraïbes, en Amérique, nous nous sommes écrits, nous nous sommes parlés, tous incrédules, effondrés et un peu hagards, parce que tu n’étais plus là, soudain.

Nous n’avons pas eu le temps de te dire combien tout ce que tu as fait, a compté, compte et comptera pour nous. Nous n’avons pas eu le temps, pressés chacun par nos projets, ceux-là même souvent que nous avions esquissés ensemble, de te dire ce petit mot tout simple et tellement fort, de te dire : merci.

Alors je te l’écris, parce que les écrits restent, et qu’ils forment notre mémoire commune, comme restent nos images, nos sons : échos denses et puissants de nos passions. Modeste et grand, attentif et présent, ton exemple nous oblige et c’est avec toi, grâce à toi, et pour toi, que nous vaincrons.

A lire : Amobe Mevegue, Je suis fier d’être africain

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News