Abdoulaye Wade toujours devant : le PS dénonce « une mascarade »


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Après le dépouillement de 3,35 millions de suffrages exprimés sur 4,9 millions de votants, Abdoulaye Wade arrive en tête des présidentielles sénégalaises avec 55,7% des voix. Le PS de Tanor Dieng dénonce le double vote de partisans du président sortant et appelle à la vérification des signatures physiques et électroniques des électeurs. Abdoulaye Bathily rejette également les résultats.

« Matam : Abdoulaye Wade gagne avec 65,42% », « Rufisque : la coalition Sopi rafle la mise », « Podor, le grand chelem pour Wade »… la lecture ce mercredi du quotidien Le Soleil n’a pas dû être des plus faciles pour l’opposition sénégalaise. Mardi soir, les résultats provisoires publiés par les Commissions départementales de recensement des votes ont donné Abdoulaye Wade largement en tête des élections présidentielles avec 55,7% des voix. 3,35 millions des votes, sur près de 4,9 millions d’électeurs, ont déjà été dépouillés. Le président sortant ferait même la nique à Ousmane Tanor Dieng, le candidat du Parti socialiste (PS), dans son fief de Mbour. La Commission nationale de recensement des votes doit valider ces résultats, sans doute d’ici vendredi, avant qu’ils ne soient officiels.

Le PS n’exclue « aucune forme de protestation »

Dès l’annonce de ces nouveaux chiffres, Me Aïssata Tall Sall, chargée de communication du directoire d’Ousmane Tanor Dieng, est montée au créneau : « Nous avons assisté aux élections les plus tronquées de notre histoire depuis que le Sénégal est indépendant », a-t-elle affirmé devant la presse. En cause, « des cartes d’électeurs établies doublement pour un citoyen et une citoyenne qui ont voté deux fois ».

S’exprimant sur RFI, elle a demandé mercredi au gouvernement, « s’il n’a pas fraudé », de procéder à travers la Commission nationale de recensement des votes « à la vérification contradictoire entre les signatures électroniques et les signatures physiques sur les listes d’émargement. C’est là, assure-t-elle, que l’on va découvrir la fraude ». Dans le cas contraire, c’est « une mascarade » et « nous n’excluons aucune forme de protestation », a-t-elle conclut, précisant que les leaders de l’opposition allaient se rencontrer jeudi pour décider de la marche à suivre. Ousmane Tanor Dieng est le principal challenger du président Abdoulaye Wade, avec l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, qui se tiennent à moins de 20% des suffrages.

Cité par l’APS, Abdoulaye Bathily, candidat de la coalition  »Jubbanti Senegaal », estime pour sa part que « ces résultats ne reflètent pas l’état d’esprit de la population qui, dans la réalité, a exprimé un rejet massif du régime de Abdoulaye Wade avec tout ce qu’il représente comme contre-valeurs ». Il estime que « des inscriptions multiples étaient parfaitement possibles ».

Mardi, des observateurs internationaux indépendants représentant des ONG et associations africaines ont estimé que le scrutin de dimanche s’est déroulé « dans le calme, la transparence, l’intégrité et la liberté ». Selon Alioune Tine, le secrétaire exécutif de l’ONG sénégalaise Raddho (Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme), « les irrégularités et dysfonctionnements constatés sur toute l’étendue du territoire national ne sont pas de nature à entacher la régularité du scrutin ». L’organisation, qui a déployé 1 300 observateurs dans plus de 5 000 bureaux de vote, n’était pas joignable mercredi pour commenter les accusations du PS et de  »Jubbanti Senegaal ».

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