Abdelkader Djemaï : Alger sous les cendres


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arton886

L’écrivain et journaliste algérien Abdelkader Djemaï nous donne sa vision de la guerre civile algérienne dans son livre, « Un été de cendres ».

Si le livre d’Abdelkader Djemaï est un poids plume, les mots qui le composent sont lourds de sens. Sid Ahmed Benbrik, son narrateur, est un anti héros du quotidien au coeur de la tourmente algérienne. Un homme qui par des trésors d’imagination inouïs arrive à se jouer de la folie qui le guette. Un style clair, épuré à l’extrême, des mots simples et précis : Abdelkader Djemaï ne s’embarrasse pas d’effets de style.

Sid Ahmed Benbrik est fonctionnaire à la Direction générale des Statistiques dans une ville algérienne sans nom. Car l’horreur et la guerre frappent au hasard. Tombé en disgrâce pour avoir contesté un chiffre qui arrangeait ses supérieurs, il survit dans un cagibi malpropre qui lui sert de domicile depuis que sa femme est morte.

Un été pourri

Tout, dans cette ville où le drame algérien bat son plein, devient hostile : le soleil qui frappe trop durement les hommes, l’air  » lourd et huileux  » qui oppresse, et  » derrière les immeubles aux façades incertaines, la mer n’est plus qu’une immense plaque de sel aveuglante, hérissée de lames effilées, mortelles « .

Pour se préserver de la folie ambiante, il est maniaque. A l’extrême. Rasage quotidien, cirage de chaussures hebdomadaire, visite au bordel mensuelle. Dans son cagibi glauque, qui mesure  » trente-six pas et trois doigts de la main « , il a fait des réserves de nourriture et d’eau : il semble y attendre la fin du monde. Dans son abri anti-guerre civile, il observe la dérive de ceux qui ont peur de sortir dans la rue pour se rendre au travail, de ceux qui préfèrent démissionner plutôt que de prendre ce risque insensé.

Il a bien suggéré  » l’ouverture d’une rubrique pour comptabiliser les personnes assassinées dans la rue ou chez elles, devant leurs enfants, leurs épouses « , mais ses supérieurs n’ont pas apprécié. Dans l’Algérie déchirée par la guerre, la vérité – aussi – doit se terrer.

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