A la mémoire d’Ahmadou Kourouma


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Il y a ceux qui ont juste été touchés par la mauvaise nouvelle du jeudi 11 décembre 2003, et ceux qui ont été complètement ébranlés par l’annonce de la mort d’Ahmadou Kourouma. Aurélie Torre et Tabué Nguma font partie du deuxième groupe. Après la disparition brutale de ce « géant de la littérature africaine », les deux étudiants rendent hommage à l’écrivain ivoirien en organisant une soirée à Paris.

Quarante jours après la mort d’Ahmadou Kourouma, deux étudiants, Aurélie Torre et Tabué Nguma, organisent une soirée hommage à Paris. S’ils ont choisi ce jour, c’est pour respecter son importance dans la culture de l’auteur. Chez les Malinkés, le quarantième jour de la disparition de quelqu’un est symbolique. Surtout quand on est écrivain, et que son premier roman finit par ces phrases : « Un Malinké était mort. Suivront les jours jusqu’au septième jour et les funérailles du septième jour, puis, se succéderont les semaines et arrivera le quarantième jour et frapperont les funérailles du quarantième jour ». Ainsi s’achevait « Les soleils des indépendances ». Les deux étudiants ne l’ont pas oublié. Ils ont même tenu à respecter cette tradition.

Pour un hommage à la hauteur de « l’homme de talent » disparu le mois dernier, Aurélie et Tabué n’ont pas lésiné sur les moyens. Ils ont réuni la crème des écrivains, professeurs, comédiens africains et français pour commémorer la mémoire de Kourouma.

Un griot pour chanter le défunt

L’écrivain togolais Sami Tchak lira et commentera un passage important des Soleils des indépendances et on remarquera la présence de Bernard Moralis, professeur de lettres en région parisienne et auteur d’un livre sur l’écrivain défunt. Ce dernier évoquera l’écriture innovante de Kourouma. La comédienne Néna Tango se joindra à eux pour faire une compilation synthétique de l’œuvre d’Ahmadou, en reprenant des passages-clés. Moné Lemba et Boniface Mongo prendront la parole et évoqueront l’héritage de l’auteur. Un griot malinké annoncera chacun des intervenants et chantera les transitions. Le travail de ces artistes permettra au public de découvrir la valeur du travail de l’auteur ivoirien. Un livre d’or posé à l’entrée de la salle, sera à la disposition des participants qui pourront y laisser leurs impressions et témoignages de soutien à la famille du disparu….

Le rapport des organisateurs à la littérature d’Ahmadou Kourouma est double. C’est un « grand écrivain francophone » qui les a beaucoup marqué car, au-delà de sa personne, l’auteur « humble et simple » a amorcé une « décolonisation du français » en faisant entrer le « Malinké dans son écriture ». Il a rompu, en 1968, avec les écrivains de l’époque, fidèles à une écriture plus occidentale. Sur les traces son père, économiste qui a longtemps sillonné l’Afrique de l’Ouest, Aurélie Torre annonce avec émotion avoir « l’Afrique dans le cœur ». Elle se rappelle avoir lu les Soleils des indépendances à 15 ans et avoir comme livre de chevet, Allah n’est pas obligé. Aujourd’hui, cette jeune Corse poursuit son amour de la littérature africaine en thèse à la Sorbonne. Pour Tabué, la découverte d’Ahmadou Kourouma s’est faite beaucoup plus tardivement, grâce à … Aurélie Torre. Tous deux soulignent surtout, la « relation de l’œuvre avec les traditions malinkés », qui ont habité le travail de l’auteur et qui les ont toujours intéressés. Pour eux, « l’Afrique a perdu quelqu’un de grand » avec la mort de Kourouma et ils se feront fort de le démontrer aux participants de la soirée.

Soirée hommage à Ahmadou Kourouma, de 20h30 à 22h au Jokko , 5 rue Elzévir – 75003 Paris Métro Saint-Paul.

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