À Abidjan, l’incroyable histoire d’un loubard converti


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Vincent Paul-Marie est le fondateur de la fraternité catholique « Mère de la Miséricorde ». Cet ancien loubard qui a semé la terreur dans la commune d’Adjamé à Abidjan pendant de longues années évangélise aujourd’hui dans les prisons et a créé un centre qui prend en charge les toxicomanes. Histoire d’une troublante conversion

Frère Vincent Paul-Marie présente fièrement sa petite dernière qui s’accroche au cou de son papa avec confiance. Étonnante différence entre ce visage doux et calme et celui qu’il présente sur des photos datant d’il y a vingt ans.

À cette époque, il ne s’appelait pas encore Vincent Paul-Marie. Il était Vincent Ouédraogo, un visage aux traits ravagés par l’alcool et la drogue. Grand et costaud, tout en muscles, la violence était son style de vie. Dans son quartier « Bracodi Bar » dominé par les cabarets, les bars et lieux de prostitution, les braquages, vols, agressions et escroqueries de toutes sortes étaient le passe-temps favori d’une grande partie des jeunes.
La vie de loubard

Très jeune, Vincent s’empêtre dans les vices. Il est à l’école primaire quand le poker l’attire et devient très vite une addiction. Maladivement timide, il commence à prendre de la drogue pour vaincre ses inhibitions. Ses doses augmentent de jour en jour et il les mélange avec du café et du vin traditionnel pour plus de sensations. De plus en plus violent, Vincent commence à semer la terreur dans son quartier?: « Je bastonnais tous ceux qui se trouvaient sur mon passage. Quand j’empruntais un chemin, tout le monde devait me céder le passage. Je barrais même la route aux voitures. Les chauffeurs qui osaient foncer sur moi étaient extirpés de leurs voitures et copieusement battus. »

Désireux d’augmenter sa puissance, le jeune loubard pratique, en plus de l’haltérophilie, plusieurs sports de combat et se tourne vers les pratiques mystiques pour devenir invulnérable. « Quand je me fâchais, je me tailladais avec un couteau ou une machette et ça n’avait aucun effet. Pas une égratignure », raconte-t-il. Il est craint de tous, même ses amis?: « Nous-mêmes ses amis ‘’gros bras”, nous l’évitions car il était néfaste », raconte Pékess, un ancien loubard.
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La Maca, chemin de Damas

Le chemin de Damas de Vincent Ouédraogo passe par la Maison d’arrêt et de Correction d’Abidjan (Maca). Après un énième méfait, le jeune loubard est emprisonné. Et curieusement, c’est là que naît son désir de conversion. « J’ai vu un homme à genoux qui priait. Ça m’a interpellé et je l’ai imité ». Le détenu se rendra désormais à la salle de prière tous les jours et participera aux prières de toutes les confessions chrétiennes. « Je meublais le reste de mon temps par la récitation du chapelet, c’était la seule prière que je connaissais », confie-t-il.

À sa sortie de prison un an plus tard, Vincent est complètement transformé. Il trouve du travail et ne rate jamais la messe quotidienne. Le soir, après le travail, il participe à l’adoration du Saint-Sacrement à l’église avant de retourner chez lui. Il intègre ensuite les Équipes du rosaire, puis le Renouveau charismatique et s’inscrit aux cours bibliques. Dans l’entourage de Paul, tout le monde est étonné de cette transformation.

C’est en 2004 que Vincent Ouédraogo prend le nom de Vincent Paul-Marie et fonde la fraternité « Mère de la miséricorde » pour évangéliser, accueillir, réinsérer les personnes marginalisées et œuvrer en faveur des personnes dépendantes de l’alcool, de la drogue, du vol, de la prostitution et d’autres vices. La fraternité rend visite aux prisonniers de la Maca, le dernier vendredi de chaque mois, et leur distribue des vivres. Depuis 2015, elle a ouvert un centre d’accueil et de réhabilitation des personnes dépendantes de vices.

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