THE STORY OF # 2 – Deux fois vingt trois kilos


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Paris-Angers. Je m’endors dans un train à grande vitesse qui me renvoie là où j’habite. Pas très loin du Jardin Des Plantes. Pas très loin d’une Maison d’Arrêt que j’aperçois au Printemps de ma fenêtre, par dessus les toits en ardoise. Parfois, j’entends la nuit tombée et les parloirs sauvages. Voix hurlées depuis les barreaux jusqu’au trottoir. Et la rue qui répond en déchirant l’air libre. Avril se passe dans la douceur Angevine. Comme à chacun de mes retours, le Congo me manque. Pointe Noire défile pourtant chaque jour en séquences 16/9ème sur mon computer. C’est un 26 avril 2012 à Brazza. Sur « le Chemin de l’avenir », le Président Denis Sassou Nguesso lance un appel à la communauté internationale pour aider l’Afrique à mettre fin au fléau de la faim. Les marchandes de poisson s’inquiètent toujours de l’augmentation du carton de girelles. Sur les marchés, le prix du sucre « en poussière » poursuit sa course folle. 57 secondes, un mur bleu, des enfants qui chantent. Qui écoutera « La Congolaise » montée et mise en ligne sur Youtube ce même jeudi ?

(De notre correspondant)

C »est une autre valise : je m’envole en Croatie. A mon retour, occupé à monter quelques montagnes d’images, je n’avais aucune croix posée sur mon agenda pour un nouvel avion. Jusqu’au début de mai où arrive Sasha dans ma boîte Hotmail. Né à Moscou, Sasha Gankin est Radio Reporter et vit à Matombi avec vue sur l’océan, une poignée de kilomètres au dessus de Pointe Noire. Son message me parle d’un film à réaliser pour l’Institut Français Culturel de Pointe Noire, un film sur le retour, après vingt trois années d’absence, du romancier Alain Mabanckou dans sa ville natale. Il me parle aussi d’un livre : « Demain j’aurai vingt ans » qui raconte l’enfance de Mabanckou dans le quartier Tié-Tié et moi je dis oui à Sasha. Oui à l’Institut Français Culturel de Pointe Noire. Et puis je vais revoir les enfants de la ruelle, celle qui remonte au goudron…

Je n’aime pas écrire ce que je donne. Mais j’ai couru les discounts. Jusqu’à remplir les deux fois 23 kilos que veut bien la soute du Boeing 737-800 de Royal Air Maroc ! Je n’aime pas écrire ce que je donne et que donnent aussi Anne B. et Elisabeth M. pour bourrer jusqu’à craquer les valises. Comme un Noël avant l’heure, comme un Noël en juillet. Qui tomberait du ciel dans les yeux des enfants de Tchimbamba. J’ai assez pour moi de quelques fringues, d’un ordinateur portable, de « Demain j’aurai 20 ans » et du disque « Black Bazar » produit par Mabanckou. Ouais, ça ira. Et j’achèterai s’il le faut une chemise ou deux au Grand Marché. Les paupières aussi lourdes que les valises je monte des images en retard, Sasha a mis « la pagaille » dans mon planning, je ne pensais pas partir sitôt. Post it : Ne pas oublier d’acheter une nouvelle caméra !

J’aime assez flâner dans la Médina, dîner d’un trois fois rien dans un restaurant berbère et avaler des thés à la Menthe pendant l’escale à Casablanca. Je choisis l’escale la plus longue possible : 24 heures, assez pour souffler un peu ! Sorte d’avant goût de l’Afrique, même si celle là est du nord. Sur ce même continent, loin en dessous : Pointe Noire. Nuit du 4 juin 2012, 3H30. Juste le temps de poser mes deux valises à craquer à Tchimbamba, dans la maison de mes frères, presque en face de la tôle ondulée qui ouvre sur la parcelle où Naomie est endormie. Moi, je dormirai le jour, Alain Mabanckou arrive à l’aube et je m’engouffre dans un taxi bleu pour aller filmer son arrivée à l’aéroport…

A suivre…

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