Somalie : Il faut agir avant la famine


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« Tous les indicateurs nous alertent ces derniers mois sur une catastrophe imminente. Nous pouvons encore éviter le pire à ces familles en déployant dès maintenant des programmes à grande échelle », affirme Hajir Maalim, directeur régional des opérations pour Action contre la Faim.

La Somalie est en état de pré-famine. Le pays se trouve dans une situation alimentaire inquiétante : la population doit faire face tout à la fois une sécheresse sévère et à la violence de groupes armés. Dans les mêmes conditions, la famine de 2011 avait décimé plus de 250 000 personnes, les systèmes d’assistance ayant tardé à être déployés.

3 millions de personnes, soit 25% de la population, sont en situation d’insécurité alimentaire aigue à un niveau de crise ou d’urgence. Les taux de malnutrition sont également élevés.

Près de la moitié de la population, 6,2 millions de personnes, a besoin d’une assistance humanitaire. L’Etat central peine à garantir un filet de protection sociale à la population et le nouveau président élu Mohamed Abdullahi Mohamed a décrété la sécheresse ‘catastrophe nationale’.

Pour les ménages, qui dépendent essentiellement de l’élevage et de l’agriculture, la situation s’aggrave rapidement

La perte des moyens de subsistance due au manque de pâturages et aux maigres récoltes, ainsi que l’augmentation du prix des denrées de base continuent d’appauvrir les ménages et de limiter leur accès à une alimentation adéquate

Les éleveurs voient leurs animaux tomber malades et mourir. Le bétail restant est affaibli et amaigri, insuffisant à nourrir les familles et très difficile à vendre à bon prix en raison du mauvais état de santé des animaux : une chèvre se vendait 40 dollars il y a quelques mois, aujourd’hui elle se vend 15 dollars.

Le prix de l’eau a été multiplié par 4, passant de 5 à 20 dollars pour 200 litres

L’assèchement des points d’eau et les conditions d’hygiène provoquent des maladies hydriques comme des diarrhées sévères ou du choléra qui entraînent la déshydratation puis la mort. Nos équipes ont déjà relevé une quarantaine de décès dans un seul village. Par endroits, des villageois se rassemblent et se cotisent pour faire venir des camions citernes et fournir de l’eau mais les fonds manquent cruellement.

Nous pouvons agir

Action contre la Faim est présente en Somalie depuis 1992 et nos équipes sont toujours à pied d’œuvre via 5 bureaux à travers le pays.

Une partie de nos programmes sur place se réoriente déjà vers une aide nutritionnelle d’urgence et une assistance en eau, hygiène et assainissement notamment via des distributions d’eau. La priorité demeure le renforcement des programmes de nutrition à destination des enfants de moins de 5 ans ainsi que des femmes enceintes et allaitantes. Dans les prochaines semaines, nous voulons intervenir auprès de 30 000 personnes en dépistage et traitement de la malnutrition.

Action contre la Faim peut démultiplier ses efforts et couvrir des zones plus larges pour assister les populations vulnérables au plus près de leur lieu de vie et selon les besoins identifiés.

L’ONG est prête à assister plus de 200 000 personnes dans les prochaines semaines. Cette intervention n’est possible que dans des conditions de sécurité qui doivent être garanties pour les populations et les acteurs humanitaires dans un contexte de violence chronique qui aggrave la situation.

Dans certaines zones, nos travailleurs humanitaires sont les seuls pourvoyeurs d’assistance à la population. Ayan a 50 ans, et depuis son village de Qarhis, elle témoigne « J’envoie un message à quiconque pourra entendre mon appel à nous aider. Nous n’avons plus de ferme ni d’accès à la mer pour pêcher, nous n’avons plus d’eau, nos chameaux et nos chèvres sont en train de mourir, nous avons besoin d’aide et de soutien ».

Dans le cadre de cette urgence humanitaire qui affecte la Corne de l’Afrique, l’ONG lance un appel à dons. Les besoins financiers sont estimés à 17 millions d’euros.

Les dons peuvent être effectués en ligne actioncontrelafaim.org

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