Nigeria : les manifestations de soutien aux lycéennes interdites


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Les manifestations de soutien aux lycéennes enlevées par le groupe terroriste Boko Haram sont désormais interdites dans la capitale nigériane, Abuja.

Ce sont les familles des victimes du rapt qui vont être en colère. Les manifestations de soutien aux plus de 200 lycéennes enlevées par le groupe terroriste Boko Haram sont désormais interdites dans la capitale nigériane, Abuja, a annoncé lundi la police. Cette décision a été prise, « pour des raisons de sécurité », a indiqué le porte-parole de la police pour le territoire de la capitale fédérale, Altine Daniel.

La police n’a donné aucun autre détail sur les raisons de cette décision. Mais d’ores et déjà, l’avocat des organisatrices des manifestations a prévenu qu’il comptait contester cette mesure devant la justice. « Nous sommes en train de rassembler tous nos documents pour contester cette interdiction », a déclaré Femi Falana, ajoutant que, selon un texte de loi datant de 2007, « on n’a besoin d’aucune autorisation de la police pour organiser une manifestation pacifique où que ce soit au Nigeria ».

Mobilisation massive

Depuis que les lycéennes ont été enlevées par Boko Haram à leur lycée de Chibok, dans l’Etat de Borno, épicentre de l’insurrection islamiste, dans le Nord-Est, de nombreuses manifestations ont été organisées dans les rues d’Abuja. Ces rassemblements et leur retentissement sur les réseaux sociaux sous le hashtag #bringbackourgirls (ramenez nos filles) ont entraîné une mobilisation dans le monde entier. Des personnalités tels que Michelle Obama et le pape François, ou encore les anciennes Premières dames françaises Carla Bruni et Valérie Trierweiler ont également apporté leurs messages de soutien. Les familles et les nombreux soutiens des lycéennes se sont montrés très critiques face au manque de réactivité du Président Goodluck Jonathan et de son administration dans les semaines qui ont suivi le rapt.

Heurts dans les manifestations

Des protestations se sont amplifiées au fil des semaines, rassemblant de nombreux militants et des organisations de la société civile. Alors qu’elles s’étaient toujours déroulées dans le calme, mercredi dernier, pour la première fois, des débordements ont eu lieu quand des jeunes hommes ont attaqué les manifestantes à l’aide de bouteilles, de pierres et de chaises. Certains d’entre eux portaient des messages de soutien au Président Jonathan, mais le ministre de l’Information, Labaran Maku, a ensuite affirmé que ces éléments violents émanaient du principal parti d’opposition, l’APC (le Congrès progressiste).

Les autorités nigérianes sont dépassées par le groupe terroriste Boko Haram, qui a tué, depuis 2009, plusieurs milliers de personnes. Le groupe, très organisé, a été créé en 2002. L’enlèvement des jeunes lycéennes a été une occasion pour lui de mieux se faire connaître médiatiquement. Ces dernières sont désormais devenues une belle monnaie d’échange pour la nébuleuse, qui exige la libération de plusieurs de ses membres qui ont été faits prisonniers. Requête que le gouvernement nigérian a toujours rejeté, jusqu’à présent.

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