Jac Keita : J’apporte ma contribution en passant des messages à travers ma musique


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Le groupe sénégalais Takeifa sort son troisième album intitulé Gass Giss (qui cherche trouve) le 28 juin prochain. L’esprit de famille, la politique, l’amour sont des thèmes importants pour ce groupe composé de 4 frères et sœurs. Le clip « wet » ainsi que « ndanane » en featuring avec Baaba Maal sont déjà disponible.

A deux jours de la sortie de leur album, Afrik.com est parti à la rencontre de Jac Keita, le lead vocal du groupe. C’est en plein cœur du 18ème arrondissement de Paris, réputé pour être le Sénégal délocalisé, qu’Afrik.com a pu rencontrer Jac, un homme décontracté et engagé qui sait mettre son interlocuteur à l’aise. Entretien avec ce passionné de musique qu’il considère comme un vecteur de développement.

Afrik.com : Après 5 ans d’absence de la scène musicale, vous renouez avec votre public à travers votre nouvel album Gass Giss. Pourquoi avoir attendu si longtemps ?

Jac Keïta : Nous avons fait des scènes musicales mais cela faisait 5 ans que nous n’avions pas sorti d’album. Cela dit, chaque année on fait des tournées internationales. Notre premier album Diaspora nous a permis de faire beaucoup de tournées en Espagne, car c’est la coopération espagnole qui nous a découvert au Sénégal. Trois ans après on a fait l’album Get Free, c’est la qu’on a rencontré notre manager avec lequel on travaille aujourd’hui. En fait on a eu 2 ans de préparation pour l’album Gass Giss et pendant 3 ans on a fait des tournées en Europe pour l’album Get Free.

Prévue le 14 mai, c’est seulement le 28 juin que l’album sort, a quoi est du ce décalage ?

On avait calculé le ramadan et tout ce qui va avec. Il fallait caler la date du concert au New Morning aussi (28 juin). On avait un choix pour la sortie, pour le concert et la conférence de presse. Pour ça on avait prévu de repousser la date pour que tout se fasse au même moment. Et puis on voulait éviter les fuites. Donc la date de sortie de l’album est la même que ce soit au Sénégal ou dans le reste du monde. On voulait donner beaucoup d’impact à notre album et rentrer dans le showbiz français.

Afrik.com : Actuellement vous considérez que vous n’êtes pas dans le showbiz français ?

On y est à 150%. On est très satisfait mais il y a deux mois on n’y était pas du tout car le système est très différent. Avant aussi on n’était pas à la SACEM (Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique) mais au BSDA (Bureau Sénégalais des Droits d’Auteurs). On faisait des tournées au Sénégal sans recevoir nos droits d’auteurs, on vient de très loin. On avait énormément de choses à régler comme l’éditeur, l’attaché de presse avant de sortir un album. Il fallait 8 mois pour divorcer avec la BSDA et rejoindre la SACEM. Sachant qu’en plus il y a deux distributeurs : un en France et un en Allemagne. Le but du jeu est d’avoir une distribution internationale que ce soit en version physique et en version numérique. La c’est le Takeifa 2.0 en quelque sorte.

Dans votre album il y a 10 titres dans lequel vous évoquez la politique, un sujet qui vous tient à cœur, quel est votre regard sur la politique au Sénégal ?

Avant même de parler du Sénégal, je tiens à donner mon avis sur l’Afrique. Je considère que l’Afrique est le continent le plus riche mais le plus pauvre. Si on veut vraiment changer la donne, il faut commencer par parler de tous les Africains, de ce qu’on est, de ce qu’on représente, la couleur qui nous différencie et fait ce qu’on est.

Pour ce qui est du Sénégal, je vois qu’il n’y a pas beaucoup de changement depuis Senghor, il fallait suivre ce que disait Khrouma, car cela était totalement différent de la politique d’aujourd’hui qui est de copier ce qui se fait en France alors qu’on a pas du tout la même réalité et la même culture. Il faut qu’on ait notre propre constitution. Je pense aussi qu’il faut continuer à se mélanger car le métissage c’est l’avenir, je prône pour çà. La façon dont la politique est faite n’est pas la bonne. Le politicien ne représente pas du tout l’image du Sénégal. Je pense que le Sénégal n’est pas du tout indépendant alors que le développement est possible. Étant né et ayant grandi au Sénégal, j’ai eu la chance de voyager en tant qu’artiste, de découvrir d’autres cultures tout en restant conscient qu’il y a rien de meilleur que mon pays et mon continent. J’apporte ma contribution à travers ma musique en passant des messages. Il faut toujours donner l’exemple. Il faut d’abord croire en nous même.

A un mois des Législatives au Sénégal, les partis politiques n’existent plus, les coalitions se divisent, en tant qu’artiste engagé comment voyez vous les choses ?

C’est plutôt l’élection présidentielle que j’attends car j’estime que les Législatives ne vont rien changer. A ce moment là je vais essayer de voir qui pourra représenter le pays et changer les choses mais actuellement je ne vois personne. J’espère qu’on pourra trouver un jeune ici qui osera dire ce que j’ai envie d’entendre. Les choses commencent à changer au sein du pays, les mentalités évoluent. Le changement viendra de l’intérieur, de la population.

Votre père Cheikhna Keita qui est commissaire de police, à été cité dans une affaire de drogue, qu’elles ont été les répercussions dans votre carrière musicale ?

Ça nous a freiné, il faut quand même le reconnaitre. Heureusement que ici on avait déjà des opportunités qui nous ont permis de continuer notre carrière. Ça nous a stoppé au Sénégal mais pas à l’international. Ici au moins, on sait faire la part des choses et nous considérer comme des artistes. Au Sénégal, tout est politisé donc c’est très compliqué. On est resté deux ans sans faire de spectacle, on a été menacé. Franchement cela m’a aidé à comprendre la politique. Le pouvoir peut faire perdre la tête. Cette histoire a été une force pour nous relever.

Baaba Maal vous a prêté son studio pendant deux mois, comment s’est passé cette collaboration ?

Depuis toujours on rêvait de faire un featuring avec Baaba Maal. Quand on est parti le voir, c’est exactement ce qui s’est passé, il nous a prêté son studio pendant deux mois. On avait déjà fait 80% du travail. Pour ce qui concerne les prises de voix et tout ça, on n’avait pas encore fait. On devait déjà finir la musique et ensuite enregistrer le featuring . On lui a présenté 6 titres, il nous a dit : vous en êtes où avec cet album car il est extra, mon studio est à vous.

Parler moi de la réalisation du clip ndanane et de wet

En ce qui concerne le clip ndanane, il a été réalisé dans une cité lébou qui n’est pas très accessible. On l’a fait là bas, à l’intérieur. Baaba Maal est venu avec nous sans problème car il est très ouvert d’esprit. Il avait envie de faire quelque chose pour nous, il l’a fait.
Wet on l’a fait avec un réalisateur sénégalais, Wanted. C’est lui qui a fait l’étalonnage et tout ça. On a réalisé nos vidéos à trois : Moctar Sall notre éditeur, Wanted et moi-même. En Espagne, on a vraiment beaucoup appris. Avec l’expérience qu’on a eu tout les trois on va essayer de faire une vidéo, juste pour dire que c’est possible. Il y a aucun détail qu’on néglige. Wet a été tourné au parc de Hann. C’est tourné à trois endroits différents du parc de Hann, on a favorisé le vert et le rouge. La robe rouge a été crée par nous même.

Quels sont vos projets futurs?

Un album est en préparation mais je peux pas vous en dire plus pour le moment. Affaire à suivre…

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