Burundi : le projet controversé d’amender la constitution


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Au Burundi le processus d’amendement de la constitution est déjà en cours. Le chef de l’Etat Burundais Pierre Nkurunziza a déjà nommé quinze membres qui composent la commission chargée d’inventorier et d’analyser les différentes dispositions de la constitution de la République du Burundi à amender et d’en faire la proposition au gouvernement. Cependant, ce projet suscite une vive polémique au sein de la classe politique du Burundi et même au sein de la société civile, voire de la population.

En effet, le projet d’amendement de la constitution a occasionné la création de deux blocs. D’une part il y a le gouvernement et ses alliés qui soutiennent cet amendement, d’autre part il y a l’opposition qui est contre ce projet.
Selon les défenseurs de ce projet d’amendement de la constitution, « il y a certaines dispositions de la constitution de la République du Burundi qui sont dépassées par le temps »

S’exprimant à propos, Philippe Nzobonariba Secrétaire Général et porte-parole du gouvernement Burundais a déclaré « la constitution actuellement en vigueur a été promulguée le 18 mars 2005 et été destinée à régir la période post transition. A ce titre, certaines de ses dispositions sont devenues obsolètes et ne reflètent plus les réalités du moment ».

Et le porte-parole du Chef de l’Etat Burundais Jean Claude Karerwa d’ajouter « vous vous souvenez que les problèmes politiques qu’a connus le Burundi lors des élections de 2015 ont été occasionnés par des malentendus autour de certaines dispositions constitutionnelles. Il est donc plus que pertinent d’éviter de retomber dans les erreurs du passé ».

Au niveau de la plateforme de l’opposition le CENARED, la lecture de cette volonté d’amendement de la constitution est plutôt autre. Selon Pancrace Cimpaye, porte-parole de ladite plateforme « le président Nkurunziza veut mettre fin à la limitation des mandats et se décréter président à vie. Mais aussi il veut mettre fin au processus des négociations d’Arusha en légalisant son troisième mandat illégal sans oublier aussi que ce faisant il veut enterrer les accords de paix d’Arusha ».

Malgré cela, l’opposition estime néanmoins que l’amendement de la constitution est nécessaire sous certaines conditions. Les opposants insistent sur la nécessité d’attendre les conclusions du processus de dialogue en cours entre le gouvernement Burundais et l’opposition radicale en exile qui se tient sous la médiation de l’ancien président Tanzanien Benjamin W. Mkapa.

Ce projet d’amendement de la constitution du Burundi vient après un processus de dialogue interburundais conduit à travers tout le pays. A cette occasion, les participants à ces sessions de dialogue devaient proposer des solutions aux crises répétitives que connait le Burundi chaque fois qu’il y a tenue des élections. Ainsi, d’après Mgr Justin Nzoyisaba qui présidait la commission nationale indépendante de dialogue interburundais, la CNDI, ‘’la majorité des participants ont proposé l’amendement de la constitution et surtout la suppression des mandats du chef de l’Etat’’.

Cependant, les conclusions de ce processus de dialogue interne ont été rejetées par les opposants dont la majorité se trouvent en exil. Ils estiment que ceux qui été conviés à ces séances de dialogue étaient les alliés du parti au pouvoir.

Le Burundi est plongé depuis 2015 dans une crise politique consécutive aux polémiques sur l’interprétation de certaines dispositions de la constitution en vigueur aujourd’hui. Alors que la mouvance estimait que le chef de l’Etat Pierre Nkurunziza avait le droit de briguer un autre mandant, les opposants eux disaient plutôt qu’il avait achevé les deux mandats que lui permet la constitution et donc qu’il n’avait pas droit de se représenter comme candidat aux présidentielles.

Par Juvénal Bigirimana

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