La vie moins chère et plus écologique au Siao


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Le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou installe à chacune de ses éditions un pavillon « des Arts et métiers », où des merveilles d’appareils mécaniques, agricoles ou électroménagers, écologiques et économiques, sont exposés. Un matériel censé aider l’une des populations les plus pauvres du monde dans ses tâches quotidiennes.

Les appareils ménagers et les machines agricoles sont-elles des pièces d’artisanat ? La réponse, pour les organisateurs du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (Siao), qui s’est déroulé du 29 octobre au 7 novembre dernier, est affirmative. C’est peut-être parce que le Burkina Faso compte parmi les pays les plus pauvres du monde que le plus grand salon africain de l’artisanat consacre à chacune de ses éditions un pavillon dit « des Arts et métiers ». Des appareils mécaniques s’y côtoient, destinés à faciliter la vie de la population rurale, majoritaire dans le pays, et à rendre celle des urbains moins coûteuse. A voir l’ingéniosité et le peu de moyens avec lesquelles les pompes à pédale vélo, frigos et fours solaires ou encore chargeurs de batteries sont réalisés, on en vient à considérer toutes ces pièces comme des bijoux d’artisans. Au même titre qu’un service en faïence ou un égoutte salade « Philippe Starck ».

L’énergie solaire reine du pavillon

L’une des principales ressources du Burkina Faso, le soleil, est de plus en plus exploitée par les inventeurs nationaux. Djibril présente l’une des dernières inventions du milieu : le frigo solaire. L’appareil est constitué d’un « bahut » de 130 cm de longueur, 80 cm de largeur et environ un mètre de hauteur. Le tout est coiffé d’un immense capteur solaire, légèrement incliné, qui déborde l’imposant frigo. « Nous avons commencé à travailler dessus en 2000 », explique le représentant du Centre écologique Albert Schweitzer du Burkina Faso (CEAS-BF). Le rustique réfrigérateur ne trouvera jamais sa place dans une cuisine classique. Mais cela ne pause aucun problème dans l’habitat burkinabè, souvent constitué d’une cour baignée de soleil. L’Organisation non gouvernementale suisse Ceas-BF, qui a conçu l’appareil, s’occupe également de former les artisans locaux à la conception de ces machines. « La plupart volent ensuite de leurs propres ailes. Nombre d’entre eux se retrouvent d’ailleurs aujourd’hui dans l’Atelier d’Energie Solaire et de Technologie Appropriée (Atesta) », explique Djibril.

Deux stands plus loin, Alex, joues creusées, fine moustache et minces lunettes de soleil à peine teintées, présente sa « cuisinière Bamako solaire ». « Nous venons de cuisiner un couscous, hier c’était du riz et avant-hier du thô », s’amuse-t-il en bon commercial. « L’appareil existe depuis 1993 mais nous tentons de vulgariser son utilisation. C’est une université allemande qui l’a conçu et qui a envoyé des formateurs pour nous apprendre à les fabriquer ». Aujourd’hui, l’ Association pour la Promotion et l’Exploitation de l’Energie Solaire (Apees), qui promeut la cuisinière, s’occupe à son tour de former les artisans burkinabè. La cuisinière à capteur parabolique coûte 95 000 FCFA et le capteur papillon 115 000, explique le responsable du stand. L’Apees assure que l’économie sur un four à bois traditionnel, comme ils sont encore nombreux à être utilisés au Burkina, est de 7 500 FCFA par mois, pour une famille de Ouagadougou ou de Bobo Dioulasso.

Moins d’efforts et plus d’économies

Un étrange appareil est entreposé devant le large espace occupé par l’atelier de construction Tomojema, dans la cour cailloutée du pavillon des Arts et métiers. Une sorte de vélo d’appartement posé sur de larges tuyaux plastiques et sur deux imposants pistons. C’est la « pompe à pédale vélo ». « Quand nous en avons parlé pour la première fois, Atesta nous a dit que cela serait irréalisable », ce souvient le concepteur de la machine, Boubacar Zongo, non sans fierté. « Mais lorsqu’ils ont vu que la pompe marchait bien, ils nous ont fourni du matériel ». De nombreux types de pompes à eau, dites à béton (car elles sont fixées grâce à une masse de béton), aspiro-refoulantes (aspire l’eau par un tuyau et la refoule par un autre) ou encore à pistons… ont été inventées depuis des années pour faciliter la corvée d’eau aux populations rurales. « L’organisation de l’irrigation nous a commandé dix de nos pompes à pédale vélo. Et des Togolais nous ont demandé une formation pour les réaliser chez eux. Mais le modèle exposé est un prototype et nous travaillons toujours pour l’améliorer », explique Boubacar.

Tomojema, comme d’autres ateliers, a aussi réalisé depuis 1992 des ambulances pour les régions reculées du pays, non accessibles en auto. Au départ prévues pour des tractions animales, elles le sont aujourd’hui essentiellement pour des motos, même si les deux modèles continuent de coexister. Le dernier, qui date de 2003, permet à un accompagnateur de tenir compagnie au patient transporté.

Kabre Mahamadi est également venu avec un prototype. Pour son premier Siao, le responsable de l’Atelier de mécanique expérience moto (Amem) présente un chargeur de batterie qui fonctionne avec un moteur de mobylette et un alternateur de voiture. Rien de très écologique, hormis, selon son concepteur, qu’une batterie peut avec cet appareil être rechargée en une heure et seulement 0,25 litre d’essence.

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