Des négociations Nord – Sud difficiles sur l’effet de serre


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Globe terrestre
Globe terrestre représentant une partie de l'Afrique

A Denver, les pays africains ont tenté de faire prévaloir leur approche quant aux moyens de faire appliquer les accords conclu en 1997 à Kyoto. A terme, l’enjeu est double : préserver la couche d’ozone de la planète sans entraver le développement des plus pauvres.

La ville américaine de Denver, capitale du Colorado, accueille jusqu’à jeudi soir une réunion informelle des experts venus d’Europe, d’Amérique, d’Asie et d’Afrique sur les énergies nouvelles et renouvelables. Le processus de transfert des nouvelles technologies vers le tiers-monde est au centre des discussions initiées par le secrétariat de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques.

En clair, lors de ces échanges qui durent trois jours, il s’agit de discuter des moyens scientifiques, financiers et techniques permettant aux pays en développement, dans le cadre du Mécanisme de développement propre (Mdp), de se doter d’outils de production écologiquement propres, adaptés à la protection de l’environnement. Au-delà de cet enjeu, le but de cette rencontre est de préparer la sixième conférence des parties sur le protocole de Kyoto – adopté en 1997- prévue en novembre prochain à la Haye.

Cette échéance est d’une importance capitale. Car, de façon concrète, les pays de l’Ocde, les Etats-Unis ainsi que la Chine, le Japon etc. devraient arriver à un accord sur les moyens pratiques à mettre en oeuvre pour réduire les émissions de gaz à effets de serre. Rappelons que l’objectif ambitieux fixé à Rio par les pays de l’Union européenne fixé à Rio était de réduire à 8% les émissions de six gaz à effet de serre, entre 2008 et 2012, par rapport aux taux enregistrés en 1990. Les Etats-Unis, eux, devraient diminuer leurs émissions à 7%, le Japon 6% etc.

Pollutions nocives

Directeur du Centre international de recherche en environnement et développement (Cired), M. Jean Charles Hourcade estime que « la référence à 1990 est trompeuse puisque ces chiffres correspondent par exemple à 21% pour les Usa par rapport aux émissions de 1996 et bien plus par rapport aux projections de 2010 « . Le plafond d’émission n’est donc qu’une indication théorique, sans contrainte pour les pays industrialisés qui ne semblent pas donner l’exemple d’une diminution de leurs pollutions nocives. C’est pourquoi, à la Haye, « il faut imposer des objectifs chiffrés et contraignants aux Etats » affirme, Michel Mousel, président de la mission interministérielle sur l’effet de serre en France.

En juillet dernier, lors de la concertation entre ong et organismes officiels sur le Mécanisme de Kyoto organisée à Paris par le Cired, M. Mousel a souligné, non sans inquiétude, » les politiques industrielles et systèmes de transport ne permettent pas d’aller dans le sens des décisions prises au niveau international. Comment dépasser les contraintes à court terme pour faire admettre les objectifs à long terme ? « . Interrogation dont la réponse relève quasiment de la quadrature du cercle, lorsqu’on sait l’hostilité de certains lobbies économiques face aux innovations envisagées dans la cadre d’une politique de développement écologiquement correct.

La place de l’Afrique

Quelle place occupe alors l’Afrique dans la mise en oeuvre du protocole de Kyoto? N’ayant pas de contraintes explicites dans la convention sur les changements climatiques, certains pays africains- comme le Sénégal- ont opté pour la solution de séquestration de carbone pour lutter contre les émissions de gaz à effets de serre.

Dans cette optique, Enda- Tiers Monde, une ong Sénégalaise, a proposé que les projets de séquestration de carbone soient éligibles au niveau du Mécanisme du développement propre (Mdp). Fondée sur une étude scientifique avec des résultats probants, cette suggestion n’ a pas manqué de soulevé des réticences de la part de certains experts européens. Leur crainte est qu’une telle approche ouvrirait  » la voie à certaines dérives ». Car, il est très difficile, estime-t-on, de  » mesurer la quantité de carbone séquestrée par une forêt. En plus, au préalable, il faut connaître la densité des forêts, s’assurer que les arbres vont exister pendant environ cinquante ans et surtout savoir. Ce qui n’est pas facile « .

Voilà pourquoi les projets du type émanant des pays en développement risquent de ne pas bénéficier d’un financement du Mécanisme de développement propre. Ainsi, les négociations de la Haye s’annoncent difficiles et l’Afrique aura fort faire pour faire admettre son option de la mise en oeuvre du protocole de Kyoto.

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