L’Odyssée du Cap Anamur


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Après trois semaines d’errance en Méditerranée, les 37 Soudanais, repêchés au large des côtes lybiennes et de l’île italienne de Lampedusa par l’ONG Cap Anamur, ont accosté, dimanche, en Sicile. Ils devraient être transférés prochainement au centre d’accueil des réfugiés d’Agrigente.

Ballottés par les flots depuis des semaines. 37 Soudanais, originaires de la région du Darfour, ont fui leur pays et le continent africain. Embarqués sur un bateau pneumatique de fortune, ils ont été secourus, le 20 juin dernier, par le Cap Anamur, un bateau de l’Organisation non gouvernementale (ONG) allemande du même nom, alors que le moteur de leur embarcation avait lâché. Ils dérivaient entre les côtes lybiennes et l’île italienne de Lampedusa lorsqu’ils ont été repêchés. Depuis le 20 juin, le navire sillonnait la Méditerranée à la recherche d’un port d’accueil. La capitainerie de Porto-Empedocle (Sicile) avait donné son feu-vert avant de se retracter. Encerclé par la marine italienne, le Cap Anamur a été forcé de rester à 1 mile du port, la semaine dernière, avant d’engager un bras-de-fer avec les autorités italiennes.

Stefan Schmidt, le commandant du Cap Anamur, a lancé, dimanche, un SOS ressemblant fort à un ultimatum : « La situation à bord est très tendue. Certains passagers ont menacé de se jeter par-dessus bord. Si nous ne recevons pas de réponse pour accoster avant le 12 juillet, nous serons obligés de prendre des mesures d’urgance pour entrer dans le port ». Embarrassées, les autorités ont finalement cédé et, dimanche midi, le Cap Anamur a pu accoster à Porto-Empedocle. Sans pouvoir débarquer. Deux médecins italiens sont montés à bord pour faire un point sur la situation sanitaire mais, pour le moment, le ministère de l’Intérieur italien se refuse à donner l’asile politique aux passagers.

Cimetière flottant

« Nous exprimons notre satisfaction face à la décision du gouvernement italien d’autoriser le bateau à accoster », a déclaré Laura Boldrini, porte-parole du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies. Mais l’odyssée du Cap Anamur ne semble pas terminée. Selon le quotidien Corriere della Sera, les passagers du bateau devraient être transférés prochainement au centre d’accueil des réfugiés d’Agrigente, en attendant d’être fixés sur leur statut juridique. Quant au commandant du Cap Anamur, il risque d’être accusé de favoriser l’immigraton clandestine et devrait être appréhendé dès son arrivée sur le sol italien pour être interrogé.

« Les personnes que nous avons récupérées ne sont pas des clandestins car elles n’ont pas encore franchi les frontières européennes. Pour nous, ce ne sont ni des migrants illégaux, ni des demandeurs d’asile, ce sont simplement des gens en détresse que nous avons sauvé d’une mort certaine », a expliqué Elias Bierdel, président de l’ONG, qui s’est rendue célèbre dans les années 70 en sauvant des boat people vietnamiens. « Le fait de les repêcher en mer ne peut pas être taxé d’immigration illégale. En tant qu’organisation humanitaire, nous sauvons le maximum de vies. Et nous le faisons car nous ne sommes pas prêts à accepter que la mort de centaines, voire de milliers d’innocents dans la Méditerranée, devienne « normale ». Nous continuerons à faire de telles actions car personne d’autre ne le fait. Une chose est certaine aujourd’hui : la mer Méditerranée est devenue une sorte de cimetière flottant. » Pendant le seul mois de juin, 3 000 boat people ont débarqué à Lampedusa et plus de 200 autres y ont trouvé la mort.

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