Côte d’Ivoire : le clash


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Drapeau de la Côte d'Ivoire
Drapeau de la Côte d'Ivoire

Les Forces nouvelles ont annoncé mardi qu’elles se retiraient du gouvernement de réconciliation nationale et qu’elles ne participeraient pas au processus de désarmement. Une radicalisation qui brandit le spectre de la reprise de la guerre et une sécession nord-sud de la Côte d’Ivoire.

Non au gouvernement de réconciliation nationale. Les Forces nouvelles de Côte d’Ivoire ont décidé, mardi, de suspendre la participation de leurs ministres au conseil du gouvernement et au conseil des ministres. En conclave lundi à Bouaké, les rebelles ont annoncé qu’ils se repliaient dans le nord du pays qu’ils occupent depuis le début des troubles en septembre 2002. Une situation qui laisse augurer une éventuelle reprise des combats.

« Alors que l’on espérait que M. Laurent Gbagbo collabore dans la mise en œuvre de l’accord (de Marcoussis, ndlr), on le découvre de plus en plus défiant aux procédures et à la communauté internationale. De sorte qu’à cette allure, la reprise de la guerre n’est plus une utopie. Face à un surarmement manifeste, au foisonnement de milices tribales entraînées, à une formation paramilitaire et suréquipée, contre une faiblesse évidente de la communauté internationale, les risques de déflagration sont désormais patents », explique le communiqué des Forces Nouvelles, signé par son secrétaire général Guillaume K. Soro et rendu public mardi.

Refus de désarmer

Pour les dirigeants des Forces Nouvelles, il est hors de question que leurs ministres continuent de participer à un gouvernement pieds et poings liés à cause « des blocages artificiellement orchestrés par le régime de M. Laurent gbagbo ». « Nous n’allons pas nous laisser attirer dans un processus factice qui n’avance pas du tout », commentera plus tard, Guillaume Soro, ministre de la Communication. Tous les membres du gouvernement issus de la rébellion ont été appelés mardi à rejoindre Bouaké dans les plus brefs délais. Fini les faux-semblants, les rebelles radicalisent le ton et semblent prêts au face à face. Comme en témoigne leur décision de « suspendre leur participation au programme national de DDR (Démobilisation, désarmement, réinsertion, ndlr) et au conseil de réunification ».

Une des quatre autres conclusions du communiqué final appelle à la « tenue d’un forum économique pour consolider le tissu et les grands équilibres économiques ». Le texte rappelle que les zones sous contrôle rebelle regorgent « de richesses inestimables et d’outils de production restés jusque là intacts ». D’aucun y voit là la révélation de solides velléités sécessionnistes qui apparaissent aujourd’hui au grand jour. Pour la secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI, parti du chef de l’Etat), Miaka Ouretto, cette déclaration « n’est qu’une suite logique de ce qu’ils (les rebelles, ndlr) ont toujours pensé, c’est-à-dire procéder à la partition de la Côte d’Ivoire ».

Le pays se retrouve plus que jamais dans l’œil du cyclone. Ce mercredi après-midi, le chef de l’Etat, via son conseiller Alain Toussaint, se refusait à tout commentaire pour le moment. L’heure est donc à la réflexion et peut être encore au dialogue. Une chose sûre : les prochains jours vont être capitaux pour la Côte d’Ivoire et plus largement pour la sous-région. Bluff ou pas bluff ? Les nouvelles positions des Forces Nouvelles pourraient bien porter l’estocade à une paix qui est toujours restée fragile.

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