Le Golden Gate Quartet, la légende du gospel


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Le Golden Gate Quartet
Le Golden Gate Quartet

L’expérience du Golden Gate Quartet est unique. Près de 70 ans de présence pour un groupe de gospel qui a choisi de s’installer sur le Vieux Continent. Afrik.com a rencontré Clyde Wright, manager et mémoire vivante de ce mythique groupe lors de la deuxième édition du festival Gospel et Racines (Bénin). Entretien

Le Golden Gate Jubilee Quartet est né à Norfolk aux Etats-Unis en 1934. Il est alors composé par les ténors William Langford et Henry Owens, le baryton Willie Johnson et le basse Orlandus Wilson qui dirige à l’époque la formation. Avec l’a capella, il révolutionne l’univers du gospel mais aussi la société de l’époque. En 1939, ils sont engagés pour se produire au Café Society, à New York, « le premier club de jazz à pratiquer l’intégration raciale ». Plus tard dénommé Golden Gate Quartet, le groupe exporte le gospel en Europe et finit par s’installer à Paris (France) en 1959. L’ensemble, dont Elvis Presley fut un grand fan, s’est produit dans près d’une soixantaine de pays à travers le monde. La flamme du Golden Gate ne s’éteint pas et se transmet inexorablement en dépit des changements des chanteurs qui évoluent dans le groupe. Paul Brembly (Ténor), neveu d’Orlandus Wilson, Terry François (Basse) qui lui succède, Franck Davis (Baryton) et Clyde Wright (Ténor) forment aujourd’hui le Quartet.

Afrik.com : Comment fait-on pour maintenir l’esprit Golden Gate dans un groupe qui évolue tout le temps dans sa composition ?

Clyde Wright : Je compte parmi les premiers membres du groupe. Depuis 1954, j’appartiens au groupe même si j’ai été remplacé de façon momentanée. Je contribue d’une certaine manière à maintenir l’âme du Quartet.

Afrik.com : Ne craignez-vous pas, pour l’avenir du groupe, qu’il y ait de la déperdition ?

Clyde Wright : Les jeunes vont prendre la relève et continuer comme cela a toujours été le cas depuis l’existence du groupe. Même si il est un peu difficile de remplacer certains chanteurs. Ce sont plus que des voix, ce sont de véritables personnalités. Si les jeunes pérennisent l’esprit du groupe tout en lui apportant leur originalité, le groupe pourra toujours exister.

Afrik.com : Comment définir le style du Golden Gate ?

Clyde Wright Les groupes de gospel ont des chanteurs avec des voix profondes qui n’ont pas besoin de micro. Le Quartet est construit sur une base jazz plus classique avec une influence negro spitritual. Cela était composé et écrit. C’est ce qui a permis au groupe de durer.

Afrik.com : Quelle est la différence entre le negro spiritual et le gospel ?

Clyde Wright Le negro spiritual se chantait dans des champs de coton. C’est une musique de protestation qui était tolérée par les Blancs parce qu’elle était religieuse. Le gospel est arrivé après la libération des esclaves. Il est né du spiritual, qu’il a contribué à populariser, mais il est plus joyeux.

Afrik.com : Pourquoi le Golden Gate a choisi de s’installer à Paris ?

Clyde Wright : Paris, c’est le centre de l’Europe. On avait tout fait aux Etats-Unis et l’on souhaitait se faire connaître dans le monde entier. C’était plus facile de faire le tour du monde à partir de Paris.

Afrik.com : Quel sentiment vous inspire ce festival, l’ampleur du gospel notamment en Afrique ?

Clyde Wright : C’est Dieu qui fait tout, c’est magnifique de le voir chanter dans toutes les langues. On se retrouve tous en train de dire les mêmes choses de différentes façons. Ce n’est pas seulement une histoire de couleur de peau. C’est important pour nous que des gens d’origine différente comme Nicoletta, marraine du Festival international Gospel et Racines fasse la promotion du gospel. Cela montre que la musique est faite pour tout le monde.

Afrik.com : Le concept de réconciliation vous interpelle-t-il personnellement ?

Clyde Wright : Je trouve que c’est une chose formidable, de revenir en Afrique, 250 ans après que mes ancêtres en soient partis. Je me sens comme quelqu’un qui va retrouver ses origines. C’est une démarche importante. La distance nous a éloignés. Séparés nous sommes faibles mais ensemble nous sommes forts. Ce que nous vivons me fait penser aux Juifs. Quand Israël a été fondé, ils ont retrouvé leurs origines. Mais la communication est indispensable pour s’entendre. Il y a trente ans, j’ai rencontré des Africains en Scandinavie, on avait la même couleur de peau mais on a senti qu’on était différents. On est des étrangers les uns pour les autres mais nous pouvons apprendre à mieux nous connaître en discutant. C’est quelque chose qui était impensable il y a trente ou quarante ans.

Afrik : com : Quels sont vos projets ?

Clyde Wright : La célébration de nos 70 ans en 2004. Mais je n’en dis pas plus, c’est un peu secret.

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