Foday, la fin d’un sanguinaire


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Foday Sankoh, le chef de la rébellion du Front uni révolutionnaire (Ruf), est décédé mardi 29 juillet à la suite d’une crise d’apoplexie alors qu’il allait être entendu par le Tribunal pénal international (TPI) pour crimes de guerre. C’est une page noire – 10 ans de terreur – de l’histoire sierra-léonaise qui vient de se tourner.

Foday Sankoh : celui qui a mis la Sierra Leone à feu et à sang. Cette épitaphe, le chef de la rébellion du Front uni révolutionnaire (Ruf) ne l’aura pas usurpée. Ce dernier a succombé à une crise d’apoplexie à 22h40 GMT mardi 29 juillet 2003. L’annonce a été faite par le porte-parole des Nations Unies du Tribunal pour crimes de guerre en Sierra Leone. Le chef du Ruf, célèbre pour avoir son pays plongé dans le chaos et dans le sang, avait 70 ans. Son attaque serait survenue à la suite de complications d’une précédente crise en avril de l’année dernière. Foday Sankoh était en détention depuis trois ans et allait être jugé pour crimes de guerre. Depuis le début de ce mois, il était dans un état catatonique mais aucun pays n’a voulu le recevoir dans le cadre d’une évacuation sanitaire, ne serait-ce que pour un traitement partiel, rapporte la BBC. Ces avocats demandaient d’ailleurs récemment que les charges retenues contre lui soient levées du fait de son grave état de santé.

Dix ans d’une campagne sanglante

La carrière politique de Foday Sankoh commence dans les années 70 alors qu’il est étudiant. Le charisme de cet ancien caporal d’armée fait déjà des émules. Il sera par la suite brièvement emprisonné et partira en exil en Libye. Il s’entraînera dans les camps de Muammar Kadhafi alors que le Guide de la révolution libyenne répand sa bonne nouvelle révolutionnaire chez tous les dissidents ouest-africains. Charles Taylor y sera son compagnon d’armes et leur amitié perdurera au sortir de leur formation. Confirmation de l’adage qui dit « qui se ressemble s’assemble », Charles Taylor sera un soutien déterminant dans la formation du Ruf. Le Liberia lui servira d’ailleurs de base arrière pour préparer son retour en Sierra Leone. Il lance une insurrection en 1991. Le motif est à l’origine noble : c’est une réaction aux dérapages de l’élite de Freetown.

Mais bientôt, les agissements du Ruf sont l’expression d’une barbarie sans limites pour contrôler les diamants de l’Est sierra-léonais. Viols collectifs, exécutions sommaires, amputations systématiques (mains, pieds, oreilles et nez) et recrutements d’enfants soldats sont la marque de fabrique du Ruf. Foday Sankoh exécute même deux de ses proches collaborateurs, Abu Kanu and Rashid Mansaray, qui se montrent trop critiques face aux excès du Ruf. En mai 2000, le chef du Ruf est arrêté dans les rues de Freetown. Même en prison, il reste un interlocuteur privilégié dans la résolution de la crise politique en Sierra Leone où la guerre prendra officiellement fin en 2002. Que retiendra-t-on de lui ? Dix ans de violence et de désolation en Sierra Leone. Foday Sankoh disparaît au moment où son comparse libérien, Charles Taylor, est sous le coup, lui aussi, d’une accusation pour crimes de guerre.

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