Les Bushmen prennent de la valeur


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Les principales tribus bushmen d’Afrique du Sud ont signé un contrat avec le Conseil pour la recherche scientifique et industrielle du pays. Qui permet de partager les bénéfices d’un traitement anti-obésité tiré d’un cactus qu’ils utilisent depuis des siècles. Leur savoir traditionnel est enfin reconnu… et récompensé.

Pour la première fois de leur histoire, les Bushmen et leur culture sont reconnus à leur juste valeur. Et à leur juste prix. En effet, le South African San Council, qui représente les trois principales tribus bushmen du pays (les Xun, les Khwe et les Khomani) a signé cette semaine un contrat avec le Conseil pour la recherche scientifique et industrielle (CSIR) d’Afrique du Sud pour partager les bénéfices d’un traitement anti-obésité.

Ce médicament, développé par la société anglaise Phytopharm, est tiré d’un cactus que les Bushmen utilisent traditionnellement depuis des siècles pour éviter d’avoir faim et soif au cours de leurs longues chasses dans la très sèche région du Kalahari. Le CSIR travaille sur les plantes utilisées par les indigènes depuis les années 60 et en 1996, ses scientifiques isolent le P57, une molécule coupe-faim. Le CSIR la fait immédiatement breveter. En 1997, il accorde une licence à Phytopharm, qui lui donne le droit, avec le géant du médicament Pzifer, de développer la molécule et de la commercialiser.

Partage des bénéfices

L’obésité devenant un problème de plus en plus préoccupant en Occident, le marché pour un tel traitement représente plusieurs milliards de dollars. Bien que le lien ait été fait en juillet 2001 entre les Bushmen et la connaissance du cactus régulateur d’appétit, Pfizer fait comme si de rien n’était, arguant que les Bushmen ont disparu… Levée de boucliers internationale. Le South African San Council, qui voit le jour en novembre 2001, intente un procès. Des négociations avec le CSIR s’engagent alors, les Bushmen réclamant la reconnaissance de leur savoir traditionnel et le partage d’éventuels bénéfices générés par la vente du produit-miracle.

Les Bushmen ont donc obtenu gain de cause. Le CSIR leur donnera 8% des redevances qu’il percevra de Phytopharm pendant toute la phase expérimentale du médicament, sur les trois à quatre prochaines années, ce qui représente entre 1 million et 1,4 million de dollars. Ils toucheront également 6% de toutes les royalties une fois que le traitement sera mis sur le marché, probablement en 2008, ce qui pourrait avoisiner les 7,4 millions de dollars par an pendant 15 à 20 ans (durée de vie d’une licence). 32 000 dollars ont déjà été versés aux Bushmen.

L’alternative du cactus

Comme le savoir traditionnel est souvent détenu par plusieurs tribus se trouvant en dehors des frontières nationales, les Bushmen de Namibie, du Botswana, de Zambie et d’Angola devraient également bénéficier de cette manne. L’argent sera géré par une société créée pour l’occasion par le CSIR et le South African San Council. Les Bushmen, populations les plus pauvres et marginalisées d’Afrique australe, prévoient d’utiliser les sommes dans l’éducation (pour leur langue, en voie d’extinction), le développement des compétences et la création d’emplois.

Les prévisions annoncent des dividendes importants pour les Bushmen. D’ici 2008, le marché des médicaments anti-obésité devrait représenter 3,7 milliards de dollars avec une croissance annuelle de 21,1% (source Data Monitor, juillet 2001). Peu de médicaments ont prouvé leur réelle efficacité dans la lutte contre l’obésité et ils ont, en outre, souvent des effets secondaires. Le cactus des Bushmen semble être l’alternative.

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