Les drôles de dames de la beauté


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Diouda est le premier (et unique) catalogue de vente par correspondance de produits de beauté destiné aux peaux noires et métissées. Créé par trois jeunes femmes afro-antillaises, il a aujourd’hui pignon sur Internet.

 » Les femmes noires et métissées prennent leur beauté en main.  » C’est la devise de trois drôles de dames, créatrices de Diouda, le premier catalogue de vente par correspondance de produits de beauté destiné aux Afro-antillaises en mal de soins. Myriam, Karine et Monique se définissent comme  » mélangées « . Des racines africaines, européennes, antillaises et les couleurs de peau qui vont avec.  » On ne trouvait jamais les produits qui nous correspondaient, c’était un vrai parcours du combattant pour acheter des soins spécifiques « , explique Myriam.

Germe alors une idée dans leurs têtes bien faites – Myriam est diplômée d’une école de commerce, Monique biochimiste et Karine, férue d’informatique, a une formation juridique. Créer un catalogue regroupant les meilleurs produits du marché pour peaux noires et métissées.  » Nous avions déjà ouvert un salon de thé toutes les trois, au pied du Panthéon à Paris. Il s’appelait  » D’ici ou d’ailleurs  » car nous y servions des plats de tous les pays. Lorsque nous avons eu chacune des enfants, la gestion du restaurant est devenue très compliquée ! Nous avons donc réfléchi à un nouveau concept.  »

Du restaurant à la cosmétique

Après le lancement d’un questionnaire, les filles se rendent compte qu’il existe un marché pour un catalogue de ce type et que le besoin est réel.  » Les Afro-antillaises ne se reconnaissent pas dans les magazines féminins comme Elle ou Marie-Claire. Diouda est une façon de lutter contre une vision déformée de la communauté noire. Les femmes noires sont actives. Nous ne sommes pas que des mamas en boubou ! Nous avons nous aussi le droit à des soins et des cosmétiques de bonne qualité, adaptés à nos problèmes.  » Diouda, contraction D’ici ou d’ailleurs, peut voir le jour.

Il n’existe pas de catalogue similaire, même aux Etats-Unis, pourtant plus en avance en ce qui concerne l’ethno-cosmétique que l’Europe. 80% des ventes du catalogue sont réalisées en France, le reste se répartit entre les Dom-tom et l’Europe.  » Il y a peu de supports médiatiques ethniques dans lesquels faire de la publicité et la communauté afro-antillaise est éclatée.  » Pourtant, Diouda peut s’enorgueillir, avec 80 000 noms enregistrés, de posséder aujourd’hui l’un des fichiers les plus important sur la communauté. Les trois amies se sont partagés les rôles. La gestion de l’entreprise a été délocalisée à Nantes, chapeautée par Myriam, Karine est à Abidjan et Monique à Paris.

Gestion internationale

Le catalogue est sur Internet depuis un mois, les femmes noires connectées peuvent effectuer leurs achats en ligne. Le site reçoit 200 visites par jour en moyenne.  » Les banquiers ont essayé de nous dissuader de lancer Diaouda, nous affirmant que les gens ne nous paieraient pas et que notre cible était illettrée ! Ensuite, quand nous avons ouvert le site, c’était carrément l’hilarité, sous prétexte que nos clientes ne connaissaient pas Internet. Aujourd’hui, 10% de nos acheteuses ont un e-mail.  »

Et si les ventes en ligne n’ont pas encore décollé, le site permet une meilleur visibilité  » Le site nous ouvre sur l’Afrique, ce qui est source de satisfaction mais aussi de frustration. Nous n’avons pas encore les moyens d’envoyer gratuitement les catalogues à toutes les demandes qui émanent du Continent « , regrette Myriam.

Grâce au site, le concept marketing se double d’une action éducative. Tous les mois, le Dr Kadi Sy Bizet, installée à Paris, distille ses conseils de beauté et d’hygiène.  » Nous menons une grosse action éducative sur le site, notamment en ce qui concerne les crèmes à l’hydroquinone, utilisées pour s’éclaircir la peau. Nous avons déjà refusé de vendre certains produits. Nous vendons des crèmes qui permettent d’enlever des tâches en précisant bien que ce ne sont pas des produits de soin quotidien, qu’ils doivent s’utiliser en cure et que s’ils ne marchent pas, il est inutile d’insister !  » précise Myriam. Les drôles de dames sont décidément sur tous les fronts de la beauté.

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