L’Afrique du Sud en partage


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Pour découvrir et partager les cultures d’Afrique du Sud, il y a Ubuntu. Exposition originale sur ce pays d’Afrique australe méconnu. Plongée au coeur des civilisations Xhosa, Ndebele ou Zoulou. L’initiation se passe à Paris.

Ubuntu. Le mot zoulou, qui n’a pas d’équivalent en français, renvoie aux notions de partage, de respect et d’humanité. On peut notamment le traduire par  » ces gens qui partagent quelque chose « . Ubuntu. Le mot n’est pas choisi au hasard, sonnant comme un défi aux tentatives de découpage ethnique et culturel arbitraire qu’a subi l’Afrique du Sud tout au long de son histoire mouvementée. Ubuntu. Une exposition sur les arts de ce pays qui restent – malheureusement – très largement méconnus en Europe.

A travers une sélection de deux cents oeuvres issues de collections particulières et de musées sud-africains et européens, c’est – fait encore plus rare – l’Afrique du sud contemporaine qui se dévoile. Immersion dans la civilisation traditionnelle des zoulous mais pas seulement. D’autres cultures, moins connues, y ont une place de choix. Xhosa, Ndebele, Pedi, Tsonga… pour ne citer qu’elles.

Poupées de fécondité

L’exposition s’organise autour de plusieurs thématiques.  » Autour du pouvoir  » permet notamment de découvrir une série de cannes, dont les motifs passent du figuratif au géométrique, incluant des éléments du quotidien comme une chaussure ou une tabatière, reflétant la personnalité du sculpteur, du commanditaire ou du propriétaire de l’objet.  » Le sacré dans le quotidien  » met en valeur les poteries et vanneries fabriquées par les femmes, ainsi que les récipients en bois sculptés par les hommes, au jeu symétrique très élaboré.

On passe des poupées de fécondité, mélanges chamarrés de bois, perles de verre, ficelle, tissus, boutons, aux boîtes à priser en peau, argile et sang, de forme humaine ou zoomorphes. Puis à une série d’appuie-tête aux formes étonnantes. On apprend que l’appuie-tête, ou oreiller de bois, les pipes à fumer le tabac et les cuillères à priser étaient, et sont encore aujourd’hui, les instruments privilégiés du contact avec les ancêtres. L’appuie-tête favorise l’apparition des ancêtres au cours du sommeil et les pipes permettent, au travers de la fumée, d’être plus réceptif à leur message.

Orgue à odeurs

Durant l’apartheid, les femmes jouèrent un rôle essentiel dans la création de repères identitaires : peintures murales, vêtements, objets de parure… Travaillant à partir de matériaux traditionnels (cuir, fibres végétales), de matières d’importation (textiles, perles de pâte de verre, boutons de nacre) et d’éléments contemporains d’origine industriel (matière plastique, épingles à nourrice, papier aluminium). Résultat : l’impact visuel fut si fort qu’il contribua à attirer l’attention de la communauté internationale sur les conditions de vie des Noirs opprimés. De nombreuses pièces se trouvent exposées sur ce sujet.

Pour finir, le musée propose un panorama de l’Afrique du Sud d’aujourd’hui : espace de lecture, vidéos, clichés du photo-journaliste sud-africain Peter Magubane, artisanat (tressage de fils de téléphone, vannerie d’herbes sèches). Et orgue à odeurs, pour humer celle, douceâtre, du lait caillé, celle, tendre, du géranium Rosat, et celle, mentholée, du buchu – petit buisson aux fleurs blanches, très répandu dans le pays et dont les feuilles distillées donnent une huile odorante. Le voyage est complet.

Ubuntu, Arts et cultures d’Afrique du Sud, du 20 février au 17 juin 2002 au Musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie 293, avenue Daumesnil – 75012 Paris, tlj sauf le mardi de 10h à 17h30.

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