Tunisie : Moncef Marzouki « indigné » par la France


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Dans une interview accordée au Figaro, le président tunisien, Moncef Marzouki, s’est dit « indigné » par l’image que la France donne de la Tunisie. Par ailleurs, il a réaffirmé sa position sur la compatibilité d’Ennahda avec la démocratie tout en diabolisant les milieux salafistes. Mais ses détracteurs l’accusent d’être l’auteur d’un double discours.

« Accablé, scandalisé, blessé, indigné (…) » Tels sont les propos tenus par Moncef Marzouki, dans une interview au Figaro, pour décrire son ressenti quant à l’image que donne la France de le Tunisie. Selon lui, « le moindre petit incident, qui n’a strictement aucun impact sur la société tunisienne, est grossi (…) ». En cause, la « menace salafiste » vue par la France. Il pointe du doigt les suppositions de la France selon lesquelles la Tunisie serait « un pays qui va basculer dans l’escarcelle de l’islamisme, qui est sur le point de verser dans le salafisme ».

En effet, depuis quelques temps, la presse française s’attarde sur la question des salafistes en Tunisie. Et plus généralement, sur la place des islamistes depuis la chute de Ben Ali. D’autant que la Tunisie a connu un été meurtrier dans les médias français, surtout depuis les casses lors de cette fameuse nuit noire à Tunis, en juin dernier. Les salafistes auraient alors saccagé plusieurs locaux administratifs suite à une exposition jugée blasphématoire au palais de La Marsa. Même si certains ont affirmé que les salafistes n’étaient pas les seuls auteurs de ces actes de vandalisme, à l’instar de la cyber-activiste Lina Ben Mhenni qui écrit, sur son blog, avoir été sur place et n’avoir aperçu aucun salafiste mais seulement des casseurs. A propos du saccage de l’exposition d’art à La Marsa, Merzouki précise qu’il n’est pas possible de « demander à un pays qui sort de cinquante ans d’autoritarisme de tout accepter du jour au lendemain », bien qu’il « préfère tous les effets pervers de la liberté d’expression à la censure ».

Marzouki, Ennahda et le jeu de la chaise musicale

Dernièrement, en Tunisie, une partie de l’opinion et l’opposition ont accusé le parti islamiste Ennahda de vouloir s’accaparer des pouvoirs et exercer une main mise sur les médias. Selon le président tunisien, « le gouvernement tente maladroitement de se défendre contre un harcèlement permanent », et d’ajouter : « comme partout ailleurs, il veut encadrer les médias ». Il a réaffirmé qu’Ennahda était soluble avec la démocratie, raison pour laquelle il continue de « coopérer » avec le parti islamiste, contrairement à la frange salafiste qui est, à son sens, « irrécupérable ». Ce qui compte pour Marzouki est que la Tunisie n’est pas en train de « basculer dans l’islamisme à outrance ». « Prétendre cela relève du fantasme », estime-t-il.

Pourtant, quelques jours auparavant, le 24 août, à Tunis, Moncef Marzouki déclarait à l’inauguration du rassemblement de son parti (le Congrès pour la république, CPR), par l’intermédiaire d’un orateur, qu’ « Ennahda reproduit les mêmes techniques que le RCD ». A l’écoute de ces paroles, plusieurs personnalités d’Ennahda, tels que le ministre de l’Intérieur, Ali Larrayedh, quittent la salle du congrès. Ses détracteurs l’accusent de mener un double discours, tantôt avec Ennahda, tantôt contre Ennahda. Dans l’interview au Figaro, Marzouki réitère ses propos tout en les nuançant cette fois-ci, affirmant qu’il s’agit d’une fraction d’Ennahda et non de l’ensemble du parti qui tente « de reproduire de façon quasi inconsciente les anciennes pratiques ».

Après ses déclarations au congrès du CPR, les anti-Ennahda ont, un moment, cru à la rupture entre le CPR et le gouvernement. Désormais, le voici qui crie à la cohésion : « La troïka au pouvoir fonctionne », a-t-il assuré.

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