Psychose gabonaise du zizi rikiki


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Drapeau du Gabon
Drapeau du Gabon

La peur des « rétrécisseurs » de sexes a déjà causé un mort dans la ville de Port Gentil. Lynché par la foule sans autre forme de procès.

On ne rigole pas avec la virilité au Gabon. La ville de Port Gentil est, depuis jeudi dernier, le théâtre de la psychose des « rétrécisseurs » de sexes : des malfaisants capables d’amputer la virilité masculine d’une simple poignée de main. Les hommes tremblent pour leurs attributs et se font justice eux-mêmes à la moindre suspicion. L’occasion de lynchages qui ont déjà causé un mort lundi dernier. Un autre « rétrécisseur » lutte contre la mort, depuis vendredi, à l’hôpital de l’Ogooué-Maritime. Les autorités locales sont sur les dents.

La situation n’a rien de cocasse. Insolite mais surtout meurtrière, « la psychose a déjà frappé Libreville il y a quatre ou cinq ans », témoigne un haut responsable de la mairie de Port Gentil. En 1997, la même psychose avait causé huit morts et trente-six blessés au Sénégal, dans la l’agglomération dakaroise. Et l’on retrouve également trace du phénomène, la même année, au Ghana et en Côte d’Ivoire. Partout les mêmes scènes d’hystérie collective où les malheureux présumés réducteurs de zizis ne doivent leur salut qu’à l’intervention des forces de l’ordre.

Une simple poignée de main

Comment faire pour rétrécir le sexe de quelqu’un ? Simple comme bonjour : une poignée de main suffit. Les rétrécisseurs ne peuvent pas opérer à distance. « Les victimes déclarent recevoir alors comme une décharge électrique dans tout le corps avant de sentir leur sexe se rétracter », explique un correspondant sur place du quotidien L’Union, contacté par téléphone.

Pourtant rien dans les faits ne prouve la véracité des allégations desdites victimes. L’hôpital régional de l’Ogooue-Maritime, où l’un des présumés rétrécisseurs se trouve, depuis vendredi, en réanimation, a bien examiné une des ses présumées victimes : rien. Tout était en parfait état de marche.

Le correspondant de l’Union, qui a vu hier matin au commissariat central de la ville, deux autres rétrécisseurs complètement « cabossés » a aussi été témoin, dimanche, d’une violente prise à partie d’un malheureux sorcier, confondu par la rumeur, par une quarantaine de personnes. « Il était nu comme un ver. Une bonne âme a tout de même appelé la police, ce qui lui a probablement sauvé la vie ».

De possibles dérives

« Pour l’instant c’est l’accalmie, mais on peut craindre que cela ne dégénère en règlement de comptes ». Car en l’absence de toute preuve de culpabilité, la vindicte populaire s’abat sans discernement sur quiconque est accusé de l’outrage ultime. « Cela pourrait dégénérer en bagarre entre familles, pour défendre l’un des siens, contre la foule ».

Une réunion de crise était organisée, aujourd’hui dans l’après-midi, entre les forces de sécurité, le gouverneur et les services municipaux. « Pour faire le point sur la situation et la conduite à tenir », explique-t-on à la mairie.

La tension, toute latente qu’elle soit, reste toutefois le pire allié des rétrécisseurs dont on pourrait s’interroger sur les motivations profondes d’un hobby plus que jamais à haut risque. D’ici là, que conseiller aux habitants de Port-Gentil ? Sinon de garder les mains dans les poches, et d’éviter toutes poignées de mains intempestives. Leurs amis ne sont peut-être pas ce qu’ils croient…

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