L’armée française accusée de viols au Rwanda : l’enquête qui dérange


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Des journalistes du magazine féminin français Causette ont vu leurs fichiers informatiques et mails piratés suite à l’enquête qu’ils ont effectué sur des viols qui auraient été commis par des soldats français lors de l’opération Turquoise au Rwanda en 1994, durant le génocide. Le directeur de publication du mensuel a porté plainte contre x mardi.

C’est une véritable bombe que lâche Causette. Le magazine féminin français met en cause des soldats de l’armée française qui auraient commis des viols lors de l’opération Turquoise au Rwanda de juin à août 1994, lors du génocide. Les trois journalistes qui ont réalisé l’enquête publiée ce mercredi ont vu leurs fichiers disparaitre, leurs mails piratés et d’étranges courriers leur ont été adressés, rapporte ce mercredi le quotidien Libération. Le directeur de publication du magazine, Grégory Lassus-Débat, a porté plainte contre X mardi au commissariat du XIe arrondissement de Paris pour « accès frauduleux dans le système de traitement automatisé de données ainsi que pour suppression de fichiers ». « Nous avons simplement lancé l’enquête en juin quand trois Rwandaises, qui accusent des militaires français de les avoir violées en 1994 sont venues en France pour être entendues par le tribunal aux armées de Paris et que leur audition a été annulée parce que le juge d’instruction s’est rompu le talon d’Achille à la veille de l’audience », a-t-il déclaré. Or, « lors de l’envoi à l’imprimerie, la quasi-totalité des dossiers a été supprimée dans le serveur. Il ne s’agit pas d’un bug informatique », a-t-il expliqué.

« Ils nous ont violées parce que nous étions tutsies »

Le mensuel n’est pas le premier à avoir enquêté sur ces accusations de viol, dont fait l’objet l’armée française. Le Nouvel Obs avait publié en juillet dernier une enquête sur ces trois rwandaises qui ont affirmé avoir été violées par les forces françaises en raison de leur appartenance à l’ethnie tutsie, décimée durant le génocide. Leurs témoignages avaient d’abord été diffusés le 28 juin sur France-Inter. « Parfois, il y avait jusqu’à une dizaine de militaires français qui me violaient […] pendant que d’autres faisaient la même chose juste à côté. […] On se retrouvait toutes dans les tentes des militaires. […] C’était comme un repas quotidien. […] Cela a commencé une semaine après leur arrivée, jusqu’à leur départ », a déclaré l’une d’entre elles. « Ils nous ont violées parce que nous étions tutsies. Ils étaient persuadés que nous n’allions pas survivre », selon une autre rescapée des génocidaires hutus, qui avait trouvé refuge dans un camp sous la protection de l’armée française. Les trois plaignantes se sont rendues fin juin au Tribunal aux armées de Paris (TAP), où une plainte contre X pour crimes contre l’humanité a été déposée en octobre 2009. Venues spécialement du Rwanda pour être entendues par la justice militaire française, elles devaient être auditionnées à partir du 28 juin par le juge d’instruction du TAP, Frédéric Digne, dans le cadre d’une plainte contre X pour « crimes contre l’humanité » et « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime contre l’humanité » avant l’accident du magistrat. Elles devraient être entendues prochainement.

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