Le Sénégal au bord de l’explosion ?


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Le Mouvement citoyen sénégalais M 23 tire la sonnette d’alarme sur le danger qu’encourt le Sénégal si le président Abdoulaye Wade s’entête à briguer un troisième mandat alors que la Constitution ne le lui autorise pas. Le M23 a donné une conférence de presse ce mardi à Paris au siège de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, dans le cadre d’une tournée diplomatique entamée jeudi dernier à Paris et Bruxelles pour alerter la communauté internationale de la crise qui se profile dans le pays. Le mouvement citoyen a insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’un appel à l’aide et qu’il refuserait toute ingérence.

« Le Sénégal risque d’exploser si le président Abdoulaye Wade ne retire pas sa candidature à la présidentielle de février 2012 ». Tel est le message délivré par le mouvement citoyen M23 composé de 150 organisations de la société civile sénégalaise ce mardi à Paris lors d’une conférence de presse au siège de la Fédération internationales des ligues des droits de l’homme (FIDH). La délégation était composée de quatre responsables du M23 : Mr. Alioune Tine (président de la RADDHO et porte-parole du M23), Dr.Cheikh Tidiane Gadio (président mouvement politique citoyen Luy Jot Jotna), Mme Katy Cissé Wone (coordinatrice du M23) et Mr Bara Tall (président du mouvement Yamalé).

Le M23 qui a débuté sa tournée diplomatique jeudi dernier à Paris et Bruxelles souhaite alerter la communauté internationale sur la crise politique que vit actuellement le Sénégal. « Nous voulons une prise d’initiative de la communauté internationale pour que Wade quitte le pouvoir dignement. Il veut mener un coup d’Etat constitutionnel et cela représente un danger pour le pays et la stabilité de la région », a déclaré Alioune Tine. Selon lui, le discours du chef d’Etat sénégalais s’est durci ces derniers mois car « il n’hésite plus à menacer ses adversaires pour les intimider ». Lui-même a été victime de ses menaces. « Précarités, coupures d’électricités, inondations, actuellement toutes les conditions sont réunies pour que l’on puisse avoir une révolution telle que l’on connu les pays arabes», juge le président de la RADDHO. Il estime qu’ « il y a un véritable risque de conflit au Sénégal si le Conseil constitutionnel valide la candidature de Wade. Censé garantir la démocratie, il subit des pressions du pouvoir et est complètement désorienté. Il n’a plus aucune légitimité dans le pays. » Dans le cas contraire, « si le Conseil invalide la candidature de Wade l’opposition n’aurait alors plus de candidat, ce qui pose un réel problème dans une république, précise-t-il. La seule solution est que le président Wade revienne à la raison et quitte le pouvoir. »

« Nous ne voulons pas l’intervention des puissances étrangères »

Mais le M23 est catégorique et refuse toute ingérence de la communauté internationale : « Nous ne voulons pas l’intervention des puissances étrangères au Sénégal et en aucun cas que l’ONU nous envoie une mission de la paix. Nous demandons à ce que la communauté internationale nous accompagne dans le cadre d’une médiation », a déclaré Cheikh Tidiane Gadio. Pour Bara Tall, il s’agit de « diplomatie préventive et non d’un appel à l’ingérence, ce sont deux notions bien distinctes. En réalité, l’objectif est que la communauté internationale tente de faire entendre raison à Wade pour qu’il ne se représente plus. » Selon lui, « les Sénégalais ont largement montré qu’ils sont capables de régler leurs problèmes et n’ont pas besoin que l’on vienne le faire à leur place». Ils l’ont prouvé d’ailleurs dit-il à travers la forte « mobilisation des citoyens lors de la manifestation du 23 juin » sur la place de l’Obélisque contre le Ticket présidentiel.

« Le Sénégal est à un tournant de son histoire », estime, pour sa part, Cathy Cissé. « Les germes de la violence ont été lancés. Selon elle, « la situation est extrènement préoccupante. Des chefs d’Etats africains ont dit être disponibles pour accompagner le pays. » La coordinatrice du M 23 a insisté sur le fait que les citoyens doivent se mobiliser de façon pacifique contre la candidature d’Abdoulaye Wade. « Mais il n’y a pas de négociation possible à ce qu’il brigue un troisième mandat », a-t-elle ajouté.

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