Les Coptes d’Egypte ne décolèrent pas


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Des heurts ont éclaté dimanche au Caire entre jeunes chrétiens coptes et policiers en marge d’une manifestation dénonçant l’attentat meurtrier commis devant l’Eglise des saints d’Alexandrie dans la nuit du nouvel an. Les chrétiens représentent 6 à 10 % des 80 millions d’Egyptiens. Les relations tendues avec la majorité musulmane dégénèrent régulièrement.

Les Coptes sont en colère. Ils étaient une centaine, dimanche, à manifester au Caire contre l’attentat à la bombe du 31 décembre à Alexandrie. Une attaque terroriste non revendiquée qui a fait 21 morts et 97 blessés. En marge de ce rassemblement, policiers et jeunes se sont violemment accrochés dans l’enceinte de la cathédrale Saint-Marc, où siège le patriarche orthodoxe Chenouda III. Bilan, 45 blessés parmi les forces de l’ordre, a déclaré lundi la police.

«Etes-vous avec nous ou contre nous ?», ont lancé les manifestants aux forces de l’ordre, avant de dénoncer la « lâcheté » du gouvernement. «Révolution ! Révolution en Egypte, dans toutes les églises d’Egypte!», ont ils scandé. Une délégation venue plus tôt dans la journée pour présenter ses condoléances aux victimes a été prise à partie par les jeunes. « Où êtes-vous lorsqu’ils tuent nos frères sous vos yeux ? », ont-ils lancé à l’adresse du ministère de l’Intérieur. « Est-ce que le gouvernement devait attendre que cette catastrophe se produise pour nous protéger ? », a dénoncé un manifestant.

Le secrétaire d’Etat au développement économique, Osman Mohamed, n’a pas été épargné par les jeunes qui lui ont lancé des pierres après son entretien avec le patriarche copte. De même, le grand imam Ahmad Al-Tayeb, l’un des principaux responsables religieux musulmans du pays, a été encerclé par les manifestants qui ont donné des coups sur sa voiture alors qu’il sortait d’une visite avec le patriarche. Malgré les appels au calme des religieux, les incidents se sont prolongés tard dans la nuit.

Le message du Pape critiqué

Le Pape Benoît XVI a condamné dimanche à Rome l’attentat de la Saint Sylvestre, le qualifiant de « lâche ». Il a lancé un appel aux dirigeants du monde pour protéger les chrétiens: « Face aux discriminations, aux abus et aux intolérances religieuses, qui frappent aujourd’hui en particulier les chrétiens, les paroles ne suffisent pas, il faut l’engagement concret et constant des responsables des nations ».

Ahmad Al-Tayeb a riposté contre ces accusations. «Je ne suis pas d’accord avec le point de vue du pape, et je demande pourquoi il n’a pas appelé à la protection des musulmans quand ils se faisaient tuer en Irak », a-t-il déclaré.

Pour éviter de nouvelles violences à l’approche du Noël copte, qui a lieu vendredi, les dispositifs de sécurité ont été renforcés devant plusieurs églises orthodoxes du Caire et d’Alexandrie. Des témoins ont constaté que les véhicules ne sont plus autorisés à stationner à proximité des édifices religieux. La vigilance est également de mise dans les aéroports et ports.

L’attaque du 31 décembre n’a pas été revendiquée, mais les autorités évoquent la piste d’Al-Quaïda. Selon elles, un kamikaze aurait agi pour le compte de terroristes étrangers. Dès décembre, l’Eglise des Saint d’Alexandrie figurait sur une liste d’une cinquantaine de lieux de cultes coptes désigné comme cible par un site internet du groupe.

Pour apaiser la tension, le président Egyptien Hosni Moubarak lors d’une intervention télévisée dimanche a appelé à l’unité nationale. Il a indiqué que l’attentat d’Alexandrie ne visait pas seulement les chrétiens, mais tous les Égyptiens.

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