Quand la SAPE vole au secours de la musique congolaise


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De mémoire d’homme, jamais orchestre congolais de Brazzaville n’a joué le Zénith ! Même pour trois minutes !… Même pas Les Bantous de la Capitale au faîte de sa gloire ! Mais la SAPE si ! pourront désormais arguer les Sapeurs, depuis leur dernier standing ovation du samedi six novembre de l’an deux mil dix, auréolé du succès de leurs pas d’allure cadencés nommés Djatance.

Ainsi, aux toujours dubitatifs observateurs bien-pensants allergiques à la percée fulgurante de la SAPE sur les podiums du monde, les Sapeurs, par goût de revanche, répondent par la preuve, en brandissant leur dernière fierté : à savoir le fait d’avoir su conquérir avec leur charme élégant le public du mythique Zénith de Paris venu tout d’abord aduler Tabou Combo et T-Vice (deux orchestres créoles) au faîte de leur art.
Et pour cause : après leur entrée par la grande porte au Musée Dapper (Paris 16ème), au Musée des Confluences de Lyon… et leur présence sur les podiums de la mode, à Milan, Paris, Rome, London, Amsterdam… ou sur les medias chauds (des tournées que seul les musiciens nous offraient naguère), la SAPE a fait peau neuve sur le podium du Zénith de Paris accompagnée par l’Indépendance Cha-Cha historique de Grand Kallé interprétée par Tabou Combo, en souvenir du cinquantenaire des pays africains.

Allo, Zénith, ici Mars ! Paris écoute !… Les Sapeurs attaquent ! Comme des gladiateurs indestructibles.

Nous savions que la SAPE, création du Congo-Brazzaville, était redevable à la musique, tandis que la musique, elle, pouvait se passer de la SAPE, et que c’est la musique zaïroise de l’époque, notamment celle chantée par Papa Wemba dans les années 80, qui avait bien su promouvoir la SAPE. Mais, aujourd’hui, le constat est tel, que, comme elle a fait Connivences et sape-bz.com, depuis un certain temps maintenant, c’est la SAPE qui fait la musique et le reste ; d’autant plus que, sur la place de Paris, à Brazzaville et ailleurs, tout ce qu’elle touche se transforme en or : autrement dit, la SAPE fait musique, elle ne met plus que de l’ambiance mais fait chanter les couleurs. Car, à considérer le Notre Père de Papa Wemba, ce ne sont pas les inconditionnels de cet illustre artiste-musicien-là qui nous contrediront : c’est la SAPE qui a dicté son tempo coloré à son dernier opus.
Du reste, ce n’est pas un hasard, si le chantre patenté de la SAPE du moment, le Congolais Cardinal Burel (digne successeur de Rapha Boundzeki), a intitulé son dernier chef-d’œuvre Intégration dans la SAPE (sur le marché en novembre). Comme quoi, maintenant, c’est la SAPE qui mène la cadence. Six est devenu neuf.

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Et, la morale de l’histoire, c’est que les Sapeurs ont fait une démonstration de force, qui se résume en ces mots : « Plus jamais sans nous !». Comme l’a d’ailleurs habilement compris Anne D’hervé (la nouvelle ambassadrice de la SAPE sur la place de Paris), qui, maintenant, voudrait les emmener partout dans le monde depuis le dernier Salon International du livre de L’Haÿ-les-Roses. Pourvu qu’on les soutienne.

L’Histoire est en marche

Aimé EYENGUE

Ecrivain-Chroniqueur

Dernier livre :

Le Conseiller du Prince

(L’Harmattan, 2009)

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