Mozambique: SMS de combat


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Des messages ont été envoyés à des milliers de Mozambicains sur leurs téléphones portables la semaine dernière pour protester contre la vie chère. Ces textos ont provoqué d’énormes rassemblements dans la capitale à Maputo la semaine dernière. Les émeutes ont fait au moins 13 victimes, plus de 400 personnes ont été arrêtées. Et la situation demeure explosive

Le téléphone portable au secours des pauvres. Un SMS a mis le pays sens dessus dessous, la semaine dernière. « Mozambicain: prépare-toi pour le grand jour de grève. Manifeste contre la hausse des prix de l’électricité, de l’eau, des transports et du pain. Fais suivre ce message ». Ce petit texte a eu l’effet d’une bombe pour le gouvernement. En quelques heures, des milliers de personnes se sont rassemblées mercredi à Maputo pour contester la hausse des prix. Le gouvernement d’Armando Guebuza, président du Mozambique a augmenté le prix du pain, du pétrole et de l’électricité. Cette action doit permettre à la devise nationale, le metical, de retrouver une bonne valeur. Cette monnaie a perdu 43% de sa valeur en un an. Une déflation terrible pour un pays très dépendant de ses importations.

Les pauvres refusent de payer les erreurs du gouvernement et décident de se révolter par le biais de grèves. Les rendez-vous sont fixés par téléphone portable. Débordé par l’affluence record des manifestations qui se sont déroulées entre mercredi et samedi, les policiers ont utilisé des armes à balles réelles pour dissoudre le mouvement et retrouver le calme dans le pays. Les tirs ont fait treize morts d’après le dernier bilan officiel.

Le portable, arme de contestation

Le téléphone mobile permet aux pauvres de s’organiser pour exprimer leurs colères et leur désarroi face aux nouvelles mesures prises par le gouvernement à propos de l’inflation des prix. C’est la première fois que des manifestations sont organisées par ce moyen. « Il y a déjà eu des manifestations avant, mais elles n’avaient jamais été organisées par SMS », souligne un lycéen de 18 ans, Hares Serafim Mulango, interrogé par l’AFP. L’accès à cet appareil est facile pour cette catégorie de population. Contrairement aux autres moyens de communications, les téléphones portables peuvent envoyer des SMS à un très grand nombre de personnes instantanément dans n’importe quel endroit.

« Les SMS sont pratiques parce qu’ils informent de situations qui peuvent se dérouler très loin », précise le jeune homme de 18 ans. Ignorés lors des élections présidentielles, les pauvres utilisent le portable pour s’exprimer. D’après Joao Pereira, un militant qui dirige le Mécanisme de soutien à la société civile du Mozambique, « cette technologie est un nouveau moyen de donner une voix, un pouvoir, un moyen d’expression aux pauvres ». Le portable a servi aussi à critiquer la politique du président Armando Guebuza, au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1975. Malgré ces actions, le gouvernement a rappelé jeudi que la hausse des prix était inéluctable. Les pauvres semblent refroidis par les moyens utilisés par les policiers pour neutraliser les grèves. Depuis samedi, le calme règne sur le pays.

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