RDC : un demi-siècle en demi-teinte


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La République Démocratique du Congo fête ce mercredi ses 50 ans d’indépendance. Les festivités se voulaient grandioses pour « rassembler la Nation » qui dénonce, par la voie de l’opposition, « l’utilisation des assassinats et autres crimes politiques comme instruments de gouvernance» en RDC.

Les Congolais célèbrent ce mercredi le cinquantenaire de leur indépendance obtenue de la Belgique le 30 juin 1960 dans l’espoir, semble-t-il, d’un renouveau. « Le réveil du géant, RDC, paradis terrestre », lisait-on ce matin sur la tribune officielle d’où Joseph Kabila a prononcé son discours. Le président congolais a appelé ses compatriotes à engager « une révolution morale » et à réprimer « l’atteinte à la vie et à la dignité humaine », notamment « le viol ». Il a également reconnu de « regrettables ratés » au cours de ce demi-siècle, tout en assurant que « lentement le Congo se redresse, tel un géant qui s’éveille après un profond sommeil », voire de la guerre civile qu’a connue le pays de 1998 à 2003.

Les autorités congolaises ont voulu célébrer ce cinquantenaire en grandes pompes. Grand défilé militaire ce mercredi et surtout un grand lifting ces derniers jours pour la ville de Kinshasa. Pour l’occasion, la rivière Kalamu a été curée, les immondices déposés devant l’Université catholique du Congo ont disparu. De même, le stade des Martyrs et le Parlement où s’affichent les visages des quatre chefs d’Etat qui ont pris la tête de la RDC – Joseph Kasa-Vubu (1960-1965), Mobutu Sese-Seko (1965-1997), Laurent-Désiré Kabila (1997-2001) et l’actuel président, Joseph Kabila (depuis 2001) – ont été nettoyés. Les responsables congolais ont voulu également redorer le blason de cette capitale, initialement appelée « Kin la belle », mais que les habitants surnomment désormais « Kin la poubelle ».

Un cinquantenaire qui bafoue les droits humains

Ces festivités, censées « rassembler la Nation », comme l’a déclaré mardi le vice-Premier ministre François-Joseph Nzanga Mobutu, ne font pas l’unanimité. Le Mouvement de libération du Congo (MLC), principal parti d’opposition, a boycotté la célébration considérant, au début du mois de juin, que participer reviendrait à « cautionner l’utilisation des assassinats et autres crimes politiques comme instruments de gouvernance. » Le meurtre de Floribert Chebeya, militant congolais des droits de l’Homme, reste dans tous les esprits. Ses obsèques se sont déroulées le 26 juin alors que les ONG congolaises voulaient symboliquement attendre ce mercredi 30 pour l’inhumer. Amnesty International a d’ailleurs fustigé les cérémonies dans un communiqué : « Il est tout à fait hypocrite de la part (de la RDC) d’organiser des célébrations sans reconnaître la situation révoltante des droits humains dans ce pays à l’heure actuelle ». L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé auprès de la Belgique, qui prendra jeudi la présidence de l’Union Européenne (UE), la situation des journalistes en RDC. Depuis 2005, en effet, six journalistes ont été tués dans l’Est du pays par des milices armées. Dans ce contexte, le discours à la nation du président Kabila fait sourire les opposants. Il incite ses concitoyens à « punir sans complaisance, l’atteinte à la vie et à la dignité humaine, le viol, le tribalisme, le régionalisme, le favoritisme, l’irresponsabilité, le vol, le détournement des deniers publics ainsi que tout autre forme d’anti-valeur ».

Outre la polémique, la grande fête de l’indépendance aura été surtout gâchée par la décision de la Banque Mondiale, à la demande du Canada, de ne pas se prononcer sur l’annulation de huit milliards de dette. A l’origine de cette décision : un différend judiciaire qui oppose Kinshasa et la société canadienne First Quantum Minerals sur des droits d’exploitation minière. Pour Joseph Kabila, cette annonce aurait marqué la fin d’une époque.

Le seul symbole qui restera est peut-être la présence du roi des Belges, Albert II, et la reine Paola. C’est la première visite d’un souverain belge depuis le voyage du roi Baudoin en 1985. Plusieurs chefs d’Etat africains ont également répondu en masse à l’invitation lancée par le président Kabila. Outre le président rwandais Paul Kagame, le président de l’Ouganda, du Centrafrique, du Congo, du Zimbabwe, du Tchad, du Cameroun et du Gabon figuraient dans la tribune présidentielle. De même que le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon. La France, quant à elle, était représentée par son secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet.

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