Un pays africain bientôt membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu ?


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Les dirigeants africains ont réitéré lors du sommet France-Afrique de Nice, sur la Côte d’Azur française, leur souhait de voir leurs pays obtenir des sièges de membres permanents au Conseil de sécurité des Nations unies. Le président français Nicolas Sarkozy soutient leur demande et milite pour une réforme de l’instance onusienne. Plusieurs pays africains se disputent en coulisse la place qui serait éventuellement offerte.

Dans leur combat pour obtenir une meilleure représentativité dans la gouvernance mondiale, notamment au sein du Conseil de sécurité de l’Onu, les chefs d’Etats africains ont trouvé en Nicolas Sarkozy un avocat majeur. « Il faut être prêt à faire une place à l’Afrique dans la gouvernance mondiale (…) aucun, absolument aucun des grands problèmes auxquels notre monde est confronté ne pourra trouver de solution sans la participation active du continent africain », a plaidé le chef d’Etat français, à l’ouverture du sommet France-Afrique de deux jours, qui s’achève ce mardi à Nice, sur la Côte d’Azur. « Il est absolument anormal que l’Afrique ne compte aucun membre permanent au sein d’un Conseil de sécurité des Nations unies », a-t-il ajouté, rappelant que les « ressources considérables » de l’Afrique en font « la principale réserve de croissance de l’économie mondiale pour les décennies à venir ».

Depuis cinq ans, les dirigeants du continent multiplient les appels à une meilleure présence de leurs pays au sein des instances onusiennes, notamment dans son instance suprême, le Conseil de sécurité. Ils s’estiment largement sous-représentés. Avec raison. Alors que le continent compte 27 des Etats membres des Nations unies, il ne dispose que de trois sièges de membres non permanents au Conseil de sécurité. Il n’a aucune place de membre permanent dans cette institution, dont la composition est restée pratiquement inchangée depuis la création de l’Onu au lendemain de la deuxième guerre mondiale.

Deux sièges de membres permanents du Conseil de sécurité pour mettre fin à la marginalisation du continent

La question de cette représentativité a fait l’objet de débats houleux dimanche, lors de la réunion des ministres des affaires étrangères, en prélude au sommet. Lundi, quelques chefs d’Etat sont montés au créneau pour exprimer leur position sur la question. « Nous voulons à tout prix mettre fin à la marginalisation dont souffre le continent africain, pour qu’il puisse participer d’une voix claire et forte à la prise de décision politique et économique au niveau international », a expliqué le président Egyptien, Hosni Moubarak. Le président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, n’a pas dit autre chose. « Au sein de ce Conseil, l’Afrique ne peut continuer à être la cinquième roue de la charrette. Le Conseil de sécurité ne peut rester sans l’Afrique, tel qu’il a été décidé après la Seconde Guerre mondiale », a-t-il martelé lundi, sur la radio France Info.

Les dirigeants africains veulent obtenir deux sièges de membres permanents au sein du Conseil de sécurité. Ils exigent aussi de se voir attribuer deux sièges supplémentaires parmi les membres non permanents, ce qui porterait la représentativité du continent à cinq dans cette catégorie, où l’on ne dispose pas du droit de véto, et où l’on est élu pour une durée de deux ans (renouvelés par moitié tous les ans). Leur revendication est unanimement partagée par la communauté internationale. Où l’on convient que, vu l’évolution démographique du monde depuis la création de l’Onu, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, qui y doivent leur admission à leur victoire sur les puissances de l’Axe lors de la Seconde guerre mondiale, les Etats-Unis, la Chine, la France, la Grande Bretagne et la Russie, même avec les 1,3 milliards de Chinois, ne représentent plus que 30% de la population mondiale. Par ailleurs, même si aucun Etat africain ne figure parmi les grandes puissances militaires du monde, la participation des soldats du continent dans les missions internationale de maintien de la paix dont le déploiement échoit principalement au Conseil de sécurité, n’a cessé de croître ces dernières années.

Les grandes puissances ne s’entendent pas sur la réforme du Conseil de sécurité

Cependant, si tout le monde convient de la nécessité de reformer la composition de l’instance décisionnelle de l’Onu, la voie pour y parvenir est loin de faire l’unanimité. En 1993, un groupe de travail créé en vue de cette réforme avait ainsi proposé, trois ans plus tard, d’ajouter cinq membres permanents, et quatre nouveaux sièges de membres non-permanents, dans le but d’accroître la représentativité du Conseil. Pour ce groupe de travail, trois des nouveaux sièges permanents devaient échoir au Tiers-Monde dont fait partie l’Afrique, et les deux autres à l’Allemagne et au Japon, deux des pays vaincus lors de la seconde guerre mondiale. Mais un an plus tard, en 1997, les Etats-Unis, tout en admettant la proposition d’admission de cinq nouveaux membres permanents, optaient pour un système de rotation, et refusaient que le Conseil dépasse vingt membres, pour rester efficace. De son côté, la France plaide pour un élargissement progressif, commençant par un siège permanent.

Beaucoup de prétendants pour peu de places

Autre problème : en cas d’octroi d’un siège permanent au Conseil de sécurité, quel pays africain pourrait-il l’occuper ? Fort de sa position de locomotive économique du continent, l’Afrique du Sud estime que cette place devrait naturellement lui revenir. Mais elle n’est pas la seule, à vouloir entrer dans le club fermé des grands du monde. Eu égard à son leadership dans le monde arabe, l’Egypte aimerait bien y être admise. Tout comme le Nigeria, qui fait valoir son statut de pays le plus peuplé d’Afrique. Même le Sénégal d’Abdoulaye Wade rêve d’intégrer le fameux Conseil, en tant que membre permanent. L’ambition du Sénégal « d’occuper un des deux sièges permanents brigués par l’Afrique au Conseil de sécurité, devient légitime dès lors que tous s’inscrivent dans une compétition fraternelle et non conflictuelle, au service exclusif de l’Afrique », expliquait Me Abdoulaye Wade, dans une tribune publiée dans le quotidien français Le Figaro, en juin 2005. « Il serait regrettable que les deux représentants permanents de l’Afrique soient tous d’une même aire linguistique », avait ajouté le président sénégalais.

Lundi à Nice, Nicolas Sarkozy a promis qu’il présenterait des initiatives, lors de la présidence française du G8 et du G20 qui commence en fin d’année.

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