Guinée : la jeunesse face au défi de l’emploi


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Dans un pays où le taux de chômage des 20-29 ans est l’un des plus élevés de la sous-région ouest africaine, un pays qui de surcroît est plongé dans une situation politique absolument incertaine en raison des ambitions ambigües de la junte au pouvoir, le maître mot de la troisième édition du salon de l’emploi, de la formation et des métiers (sade) qui s’est achevé vendredi au Palais du peuple à Conakry, était : espoir. Malamine Koné, le Pdg du premier équipementier sportif français, Airness, a été sollicité par les organisateurs pour en être le parrain. Pour celui dont le parcours est considéré comme un exemple de réussite africaine, c’était également l’occasion de partager son esprit d’entreprise avec les jeunes. Reportage.

Un soleil de plomb, une chaleur étouffante, d’interminables heures d’attente. Voilà les premières épreuves que devaient affronter les quelque 3000 demandeurs d’emplois lors des trois jours du Salon de l’emploi, de la formation et des métiers (Sade) qui s’est déroulé au Palais du peuple, à Conakry, avant de rencontrer les recruteurs à qui ils sont venus vendre leurs talents. Ils étaient plusieurs milliers et leur engouement n’a pas faibli tout le long de l’événement. Dans un pays où le chômage des jeunes est l’un des plus élevé de la sous-région, il en aurait fallu beaucoup plus pour les décourager. Depuis 2007, le Sade est l’un, sinon le seul rendez-vous qui leur donne l’occasion d’avoir un contact direct avec les entreprises.

Des candidats motivés

Mercredi, jour d’ouverture du salon, il est midi passé. Alors qu’une bousculade se déclenche à l’entrée du siège du Parlement guinéen qui accueille l’événement et que leurs autres collègues attendent, sous le soleil, dans de longs rangs serpentant l’esplanade du Palais, Kamano Faya, 27 ans, et Yombouno Bangaly, 24 ans, sont tapis dans l’ombre d’un hangar. Optimistes, ils le sont. Le premier est titulaire d’une maîtrise en Sciences de Gestion depuis deux ans et a acquis une expérience professionnelle grâce à un poste de gestionnaire de stocks qu’il a occupé pendant un an dans une station-service Shell. Le second, lui, vient de décrocher sa maîtrise en Economie & Finances. Tous les deux participent pour la première fois à l’événement. « Ce salon est une nouveauté en Guinée, lance Bangaly. Nous avons eu à entendre, affirme-t-il, que dans d’autres pays ce sont des entreprises qui vont chercher les jeunes dans les écoles à la fin de leurs études. Cela n’est pas le cas en Guinée ». Son ami Faya enchaîne: « Lorsqu’on n’a pas de relations, trouver un simple stage pour valider son diplôme de fin d’études relève du parcours du combattant »; et il ajoute que très souvent les candidatures restent sans réponse. « On ne vous dit pas si votre demande est acceptée ou non.»

Mais pendant les trois jours qu’a duré le salon, ils ont eu la chance de rencontrer les responsables d’entreprises présents et de discuter avec eux sur les chances qu’ils avaient de trouver un emploi correspondant à leur profil. Une opportunité qu’ils n’avaient pas quelques années plus tôt. « Je viens à peine d’obtenir ma maîtrise et avec un peu de chance, je pourrais être recruté», indique Bangaly qui cite en exemple quelques uns de ses aînés embauchés à Ecobank par le biais de cet événement. Même si nombre de ces jeunes chercheurs d’emplois estiment que des progrès restent à faire au niveau de l’organisation, l’édition de cette année ayant connu quelques ratés, pour eux, le Sade, initié par le Forum des jeunes guinéens (Fojeg), reste une initiative louable.

Malamine Koné : «les jeunes ne veulent plus croire en de fausses promesses»

C’est également ce que pense Malamine Koné, le parrain de cette troisième édition du Sade, qui a séjourné à Conakry du 25 au 29 mai. « Il faudra plusieurs Fojeg en Afrique », a-t-il indiqué. « Car, affirme le Pdg d’Airness, les jeunes ne veulent plus croire aux belles déclarations et aux fausses promesses. Ils ne veulent plus tendre la main pour demander, mais ils veulent la tendre pour donner ». Le Forum des jeunes guinéens (Fojeg), présidé par un autre jeune homme d’affaires, Moustapha Naété, en est un bon exemple et l’illustration parfaite d’une jeunesse qui se bat et veut se prendre en charge. M. Koné a tenu ces propos lors de la cérémonie d’ouverture du salon, une cérémonie à laquelle a été annoncée le président guinéen, Moussa Dadis Camara, mais qui finalement sera présidée par le Premier ministre kabiné Komara.

Dans une salle tout ouïe, celui qui se définit comme « le fils d’un berger malien devenu le patron du premier équipementier sportif français », a aussi à encourager l’esprit d’entreprenariat. « En Afrique, c’est possible de faire ce que les autres ont réalisé ailleurs», a-t-il déclaré en faisant allusion à son propre parcours et en exhortant les jeunes au rejet de la fatalité et de la facilité. Avec le Premier ministre, Kabine Komara, ils ont invité les jeunes diplômés, les étudiants, à prendre plus souvent des risques en essayant de créer leur propres entreprises. Prenant pour exemple Malamine Koné, le Premier ministre Kabine Komara a indiqué aux jeunes qu’« il est toujours mieux de créer de l’emploi, que d’être salarié. »

Acquérir les techniques de recherches d’emploi

Dans un contexte de crise mondiale, plusieurs entreprises, notamment celles qui opèrent dans les secteurs les plus touchés, rechignent à embaucher. Ainsi, lors de la deuxième édition du salon, en 2008, Maersk Line n’a recruté en Guinée que deux stagiaires. Un chiffre insignifiant, reconnaît la directrice des ressources humaines de la représentation de cette firme en Guinée, Hadiatou Dieng, qui précise cependant que l’objectif du salon n’est pas uniquement d’embaucher: «Il s’agit également, estime-elle, de permettre aux jeunes d’être informés sur les profils recherchés et les formations qui leur offre plus de chance». Un avis partagé par les organisateurs du salon, Sansi Kaba Diakité et Moustapha Naété. D’après ces derniers, le Sade permet aussi d’initier les étudiants, les diplômés et les apprentis aux techniques de recherche d’emploi.

D’autres entreprises, comme Ecobank, en pleine expansion en Afrique et épargnées par la crise, sont demandeuses de jeunes diplômés. C’est sur elles que comptent notamment les candidats de cette troisième édition du salon de l’emploi, de la formation et des métiers, pour faire sonner leurs téléphones et leur annoncer une bonne nouvelle.

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