Maroc : l’Université Internationale de Rabat fera sa rentrée en 2009


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Noureddine Mouaddib

L’Université Internationale de Rabat (UIR) ouvrira ses portes pour la rentrée 2009. En dix ans, elle offrira à 10 000 étudiants d’Afrique un enseignement bilingue (français-anglais) dans les secteurs de pointe et d’innovation. Le coût de la formation s’élèvera à 10 000 euros par an, logement compris, mais 20% des étudiants pourront bénéficier d’une bourse.

Qui n’a pas rêvé d’un campus universitaire, à l’anglaise ou à l’américaine, avec de grandes étendues d’espaces verts, des salles de classe, des laboratoires de recherche, des bibliothèques, des restaurants, cafés, banques, commerces, complexes sportifs et résidences pour étudiants. Bref, ce genre d’établissements si complets et agréables à vivre, que l’on pourrait les qualifier de villes dans la ville ! C’est ce que propose l’Université Internationale de Rabat (UIR), qui a pour ambition de former les futures élites du Maroc et d’Afrique dans un véritable campus, d’ici la rentrée 2009.

Deux années après les premières discussions à propos d’un projet d’université internationale à Rabat, des consortiums académiques se sont réunis à Rabat cet été. A l’origine du projet, Noureddine Mouaddib, un Professeur et chercheur à l‘Université Polytechnique de Nantes qui a préféré « rentrer au pays » et apporter sa pierre à l’édifice de la construction d’un Maroc authentique et moderne à la fois.

180 millions d’euros de budget

Avec un budget de 180 millions d’euros, l’UIR entend former dans des secteurs de pointe et d’innovation, 5 000 étudiants sur 5 ans (objectif de 10 000 sur 10 ans). Le coût de la formation s’élèvera à 10 000 euros par an, logement compris. 20% des étudiants pourront toutefois bénéficier d’une bourse selon des critères sociaux et d’excellence (dont 30% d’origine africaine, soit 6%). Des écoles préparatoires au sein du campus sont même prévues pour mieux sélectionner et repérer les bons éléments très tôt.

Dans ce royaume chérifien, où l’enseignement a toujours représenté, au-delà d’une préoccupation de société prioritaire, un choix de réflexion primordial, ce genre de projet arrive à point nommé pour répondre à certaines demandes et interrogations. Comment enseigner au mieux ? Par quels types d’intervenants ? Comment distiller la juste formation par un enseignement équitable pour former les élites qui assureront la gouvernance de leur pays dans quelques années ? Mais surtout comment retrouver l’aura et le prestige de la Qaraouiyine de Fès créée au 9ème siècle loin devant Oxford, Bologne ou même la Sorbonne ? A l’instar du géographe Ai-Idrissi, du médecin et philosophe Ibn Tofail ou du voyageur Ibn Battuta, l’UIR sortira-t-elle de nouveaux maîtres à penser arabes ou africains du 21ème siècle, sur les traces d’un certain Ibn Khaldoun ?

Par ces temps d’effervescence culturelle et de frénésie économique (7,8% de taux de croissance en 2008 pour le Maroc), le Maroc a plus que jamais besoin de former des managers, des ingénieurs, des chercheurs mais aussi des architectes, des designers et des hôteliers. Mais s’il est une discipline qui pèche par son manque d’effectifs enseignants, c’est sans doute le pôle d’études politiques.

Soutien au plus haut niveau

Bien souvent, les étudiants marocains et africains s’expatrient pour étudier la diplomatie et la géopolitique de leur propre pays. L’UIR travaillera en partenariat étroit (par exemple, sous la forme des co-diplômassions) avec l’institut de Sciences Politiques de Grenoble, l’Université Polytechnique de Nantes, l’Université de Rennes, l’ENSIETA, l’ESC Rennes, l’Ecole Spéciale d’Architecture de Paris et, non des moindres, l’Université de Yale – par le biais du Docteur Mokhtar Ghambou, président de l’American Morrocan Institute.

Les intervenants (enseignants et chercheurs) proviendront à 30% de ces écoles partenaires, 10% de la diaspora marocaine et africaine et le reste sera recruté via un appel d’offre international.
Une autre originalité de l’UIR, est la création d’un pôle « Etudes et recherche pétrolières et Energies renouvelables », le premier dans son genre dans toute l’Afrique. Voilà qui devrait ravir le partenaire officiel, Total, qui compte ainsi attirer les étudiants les plus brillants vers cette filière innovante et surtout porteuse par les temps de disette pétrolière qui courent…

La solidité du projet tient certainement – au-delà de l’équipe qui a initié le concept académique et de recherche – aux partenariats industriels avec des multinationales comme Total et Thalès pour le financement de la recherche&développement, ainsi qu’au soutien de personnalités politiques très influentes au Maroc. Citons, l’homme d’affaires Driss Jettou, l’ex-ministre des Finances et premier ministre qui a félicité la qualité du business plan de l’UIR réalisé par AttijariWafaa Bank.

D’autres personnalités ont manifesté leur appui, comme Salaheddine Mezzouar (actuel ministre des Finances au Maroc), Fouad Ali El Himma (ex-ministre de l’Intérieur au Maroc), Meziane Bellefkih (conseiller du roi Mohamed VI) et surtout Fathillah Sijilmassi (actuel ambassadeur du Maroc à Paris). Quant à Sa Majesté le Roi Mohamed VI, il a non seulement donné son accord mais a fait don d’un terrain de vingt hectares pour la construction dudit campus dans la zone Technopolis de Rabat.

Visiter le site de l’Université Internationale de Rabat

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