De la difficulté de draguer au Congo


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Certains Congolais estiment que, pour avoir une chance de séduire une femme, il faut avoir les poches bien remplies. Du coup, des hommes peu nantis n’hésitent pas à voler pour gâter celle qu’ils convoitent. C’est sans savoir que des femmes profitent parfois de leur « générosité » sans la moindre intention de vivre une idylle avec eux. Témoignages.

Notre envoyée spéciale à Brazzaville

« Quand j’étais plus jeune, on nous disait que pour séduire une femme, il fallait utiliser des fétiches, être beau ou avoir beaucoup d’argent », se souvient Guy, un Congolais de 39 ans. Aujourd’hui, comme nombre de ses compatriotes, ce chauffeur reconnaît que si un physique de jeune premier « fait beaucoup », c’est surtout le compte en banque qui importe.

« Les hommes mettent beaucoup d’argent en jeu pour séduire car 70% des Congolaises attendent des cadeaux », estime Guy. Un avis que partage Amour. « Les compliments ou les fleurs, ça marche pas. Ce sont des cas rares. Si tu n’as rien dans les poches, tu ne peux pas avoir une fille congolaise. Elle te dira niet ! », souligne ce trentenaire.

« Les filles aiment recevoir des cadeaux. Pour elles, la valeur de l’amour d’un homme se juge aux cadeaux qu’il lui fait », atteste Anne. Elle indique toutefois qu’elle ne fait pas partie de ces femmes. « Même s’il n’a pas d’argent, je le soutiens et, plus tard, peut-être qu’il aura quelque chose à m’offrir ».

Le prix de la séduction

L’argent, d’accord, mais la stratégie dans tout ça ? Guy raconte comment il s’y prend pour aborder une femme qui lui plaît. « Je l’appelle gentiment, avec beaucoup de politesse. Je lui demande son numéro de téléphone et, si elle me le donne, c’est qu’elle est déjà d’accord pour la suite. Je peux aussi l’inviter dans un restaurant « classe » pour qu’elle se dise que j’ai de l’argent ».

Reste qu’il n’est pas toujours évident d’être à la hauteur financièrement. Surtout pour les plus jeunes. Du coup, certains dragueurs sombrent dans l’illégalité. « Ils font des petits boulots ou volent des biens qu’ils revendent après. Des jeunes volent même de l’argent à leur père pour aller faire l’ambiance avec leur copine », explique Edmond, un gendarme de 34 ans.

Femmes « farceuses »

Et parce que l’amour est aveugle, les prétendants ne voient pas que certaines femmes en veulent seulement à leur argent, et ne ressentent strictement rien pour eux. « Il y a des filles farceuses. Elles disent : « Mets-moi une carte de 10 000 FCFA pour que je t’appelle » et elles ne rappellent jamais », précise Guy.

« Il y a des filles qui n’ont que l’amour de l’intérêt et du matériel, confirme Anne. Elles commencent à sortir avec un homme pour avoir l’argent et les cadeaux et après elles le négligent pour sortir avec quelqu’un qui leur plaît vraiment. Certaines sortent avec deux ou trois hommes à la fois juste pour avoir de l’argent. Je pense que c’est une façon pour elles de se venger de ceux qui les ont trompées… »

Mensonge par omission

Edmond, qui a constaté ces filouteries, dénonce une autre arnaque : le mensonge par omission. « Des filles disent qu’elles sont libres. Or, en réalité, elles sont en couple ou vivent avec quelqu’un », confie-t-il. Cela donne parfois lieu à des situations cocasses. En témoigne Amour, qui se rappelle d’une de ses mésaventures.

« J’ai appelé la fille et je suis tombé sur un homme. Je lui ai demandé si je pouvais parler à une telle. Il m’a demandé qui j’étais et quand je lui ai répondu, ça a causé des problèmes. L’homme m’a injurié, il m’a promis la mort, il a promis de tuer parce que cette femme était mariée… », raconte Amour. « Avec la femme congolaise, c’est vraiment dur. Il faut vraiment avoir un gros cœur », conclut-il. Aussi gros que son portefeuille ?

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