Hervé Bourges dépoussière la Francophonie


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Hervé Bourges, chargé par le secrétariat d’Etat français à la Coopération et à la Francophonie de rendre un rapport sur les moyens de restaurer la Francophonie, a présenté ses conclusions mercredi à Paris. Il y prône des mesures d’envergure et une action offensive.

« Le français constitue une langue d’avenir ». Par ces mots, Hervé Bourges assène sa vérité, celle qui l’a motivé, il y a six mois, à accepter de travailler à l’élaboration d’un rapport intitulé Pour une Renaissance de la Francophonie. Cette tâche accomplie, il a remis les fruits de son labeur à Alain Joyandet, le secrétaire d’Etat français chargé de la Coopération et de la Francophonie.
Lors d’une conférence de presse tenue à l’Hôtel de Montesquiou, à Paris, mercredi, il est revenu sur les conclusions de son rapport. Trop conscient de l’inertie dans laquelle restent souvent les politiques, l’ancien président de l’Union Internationale de la Presse Francophone (UPF) a souhaité jeter les bases d’un plan d’action efficace. En quelque 80 pages, il expose de manière concise les moyens de faire « renaître » la Francophonie. Il souligne que celle-ci n’est pas morte, mais seulement en panne, et assoit son analyse sur trois constats:

la Francophonie manque de visibilité. Elle souffre de n’être qu’un concept aux yeux du grand public. Cette méconnaissance vient de ce que le terme de francophonie recouvre non seulement une réalité effective, mais également une Institution, l’Organisation Internationale de la Francophonie (l’OIF), accompagnée de nombre d’institutions internationales et nationales. Résultat: la Francophonie est mieux connue en dehors de la France qu’au sein du pays lui-même. Il est donc nécessaire de démocratiser la Francophonie et de la rendre concrète aux yeux des citoyens.

la Francophonie souffre de la réputation d’être inefficace. Le peu de confiance accordé à ses institutions la freine dans ses actions et la rend impopulaire. Décrédibilisée, elle n’a donc pas de positionnement clair sur la scène internationale ni au cœur des grandes questions mondiales de notre époque. Une réhabilitation est donc à faire, afin de lui donner toute sa place, tant sur le plan médiatique que politique, culturel, ou économique.
Hervé Bourges plaide pour en faire une agora, sorte d’antichambre expérimentale pour la politique internationale.

la Francophonie est handicapée par un affaiblissement de la langue française. Pour sortir de l’antagonisme anglais/français, il préconise d’encourager l’apprentissage et la diffusion du français sans pour autant nier la prépondérance de l’anglais dans la communication actuelle. Il faut redorer le blason du français en le développant à travers le monde, également dans les pays non francophones, afin d’en faire une langue d’envergure internationale et d’encourager le multilinguisme.

« Seize propositions facilement applicables »

Pour l’auteur du rapport, le temps est à l’offensive. A ces trois priorités, il a associé une série de seize mesures. Certaines sont symboliques: créer une manifestation culturelle en marge du Sommet de la Francophonie, inscrire les noms d’Aimé Césaire et de Léopold Sédar Senghor au Panthéon. D’autres politiques: la création d’un visa francophone, la tenue d’Etats-généraux francophones, la prévention des conflits armés, la défense des Droits de l’Homme et de la Presse. Et d’autres, enfin, culturelles: la mise en place d’un programme ERASMUS francophone, le déploiement du multimédia français dans les pays du Sud. Bien entendu, la diffusion et la promotion massives de la langue française, objectifs qui recoupent tous les autres, sont au programme.
Pour Hervé Bourges, la Francophonie « n’est pas une cause perdue ». Il faut seulement la réinscrire dans une réelle dynamique, capable de pallier les frustrations des différents acteurs et de lui rendre une cohérence. Jusqu’à maintenant, elle semble avoir péché par manque d’esprit de conquête. Le rapport se veut donc la trame d’ un véritable plan d’attaque.

« Une offensive décomplexée »

La renaissance passera, selon Hervé Bourges, par l’avènement d’une Francophonie moderne, oublieuse de cette culpabilité postcoloniale mal digérée. Trop de motifs historiques l’empêchent encore d’aller de l’avant. Des raisons économiques aussi (une faible exportation), et financières (le budget de la promotion de la langue française est trop lourd pour la France seule). Ces considérations pragmatiques, dont il faut bien entendu tenir compte, ne doivent pas faire oublier la force culturelle de la francophonie à travers le monde. Pour Hervé Bourges, il s’agit d’un véritable trésor qu’il faut à tout prix préserver et faire rayonner.
Alain Joyandet a eu le mot de la fin, en affirmant: « Nous sommes plus que motivés, nous sommes mobilisés ».

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