Côte d’Ivoire : un an après sa signature, le bilan de l’accord de Ouagadougou reste mitigé


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Voici un an, jour pour jour, que les deux factions en conflit en Côte d’Ivoire (les forces armées des forces nouvelles et le clan du Président Laurent Gbagbo) ont signé un accord à Ouagadougou en présence du pacificateur, Blaise Compaoré. Un accord qui, bien qu’ayant eu pour mérite d’avoir calmé les tensions politiques à Abidjan, coince dans sa phase finale, à savoir la tenue des élections présidentielles, démocratiques et transparentes.

Notre correspondante à Abidjan

Un an après la signature de l’accord de Ouagadougou, le 4 mars 2007, et qui avait pourtant redonné confiance aux Ivoiriens et officiellement mis fin à cinq années de guerre, les signataires semblent voguer à contre-courant des prescriptions dudit accord.

Les textes étaient pourtant précis : « Soucieuses de parvenir dans les meilleurs délais à une paix durable et à une normalisation politique et institutionnelle en Côte d’Ivoire, les parties du dialogue direct (camp présidentiel et forces nouvelles) réaffirment leur engagement à préparer, à l’issue de l’opération d’identification, des élections présidentielles ouvertes, démocratiques et transparentes conformément aux accords de Linas Marcoussis, d’Accra et de Pretoria », ainsi a été libellé la trame de l’accord.

Un an après les grandes interrogations restent sans réponses

Cet accord, qui donnait suite à plusieurs autres qui n’ont malheureusement pu aboutir (les accords de Linas Marcoussis, Accra I et II, Pretoria etc.), avait été confié au secrétaire des Forces Nouvelles en sa qualité de Premier ministre, le 27 mars 2007, soit deux semaines après la signature de “l’arrangement politique”. Soro Kigbafori Guillaume, l’actuel locataire de la Primature sous la Réfondation, après le passage des ex- premiers ministres Affi Nguessan, Seydou Elimane Diarra et Charles Banny, avait pris l’engagement de mener à bien son cahier des charges. Et donc de respecter les quatre grands points de l’accord. A savoir l’identification générale des populations, le suivi du processus électoral, la restructuration de l’armée et la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national.

Le bilan un an après la signature devait être la tenue effective des élections pour le retour à la normalité et à l’autorité de l’Etat de Côte d’Ivoire. Mais jusque là les interrogations demeurent. A quand les élections ? Des élections libres et transparentes sont-elles encore possible en Côte d’Ivoire ? Ce sont autant d’interrogations qui montrent le scepticisme de la population quant au recouvrement de la paix totale et au retour de la stabilité socio-politique en Côte d’Ivoire.

La question de l’identification semble être réglée avec les audiences foraines qui se tiennent en ce moment sur le territoire ivoirien. Mais des zones d’ombre sont identifiées dans le cahier des charges du Premier ministre. Il s’agit de la constitution des registres de naissance perdus dans le feu de la guerre, qui n’a pas encore débuté; de l’identification de nouveau titre d’identité; de l’inscription, de la publication de la liste électorale et de la distribution des cartes électorales que la commission électorale indépendante peine à réaliser. La réunification des deux armées en vue d’en créer une seule, républicaine, est un point sensible pour le gouvernement, à cause des débats autour des grades des ex-combattants des Forces Nouvelles et de la question de leurs « émoluments » dans l’armée républicaine.

Les Ivoiriens n’y croient plus

La classe politique ivoirienne est divisée sur la question du désarmement après les élections ou des élections après le désarmement. Des questions auxquelles une sortie du Premier ministre a mis fin. « Il faut sortir de la logique des préalables parce que l’accord de Ouaga ne met aucun préalable. L’accord que j’ai signé parle de confiance. » Et de continuer : « Je suis venu pour appliquer un accord et faire des élections démocratiques, transparentes, irréprochables » a déclaré le chef du gouvernement à korhogo, vendredi dernier, à l’occasion de la journée de l’Acajou à laquelle il avait été convié.

Même si la fermeté du Premier ministre semble marquer le début d’une prise de conscience, la situation socio-politique actuelle en Côte d’Ivoire ne semble pas dissiper le scepticisme des populations. Le service civique et la restauration de l’autorité de l’Etat n’étant pas des vérités tangibles et perceptibles, le doute plane toujours. Le retour à la normalité politique et la fin de la crise tiennent de l’utopie, selon la population. Toutefois, toujours selon cette dernière, l’accord de Ouaga aura le mérite d’avoir baissé un tant soit peu la tension politique en Côte d’Ivoire.

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