RD Congo : la réforme du secteur de la sécurité s’organise


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Un forum sur la réforme du secteur de la sécurité en RDC a eu lieu les 25 et 26 février derniers à Kinshasa. Ces assises, très attendues, ont permis de répertorier les problèmes qui minent ce secteur névralgique de la vie nationale. A l’issue de ce séminaire, plusieurs résolutions ont été prises, notamment l’engagement des forces de sécurité à s’abstenir de ramener la sécurité au niveau des personnalités de l’Etat en vue de la conservation du pouvoir, mais de sécuriser d’abord les personnes et leurs biens.

Notre correspondant à Kinshasa

Plus de trois cents experts de l’état-major général des Forces armées de la RDC (FARDC), de la police nationale, de la Mission de l’ONU en RDC (Monuc), de la Belgique et de l’Afrique du Sud ont pris part à ces assises. L’Union Européenne qui participe depuis 2005 aux projets de réforme de la police et de l’armée en RDC, à travers ses missions d’appui et de conseil Eupol et Eusec a également été présente. Pour le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC), ces travaux de Kinshasa avaient pour objectif de «constituer une armée et une police professionnelles». «La cérémonie de ce jour marque un pas décisif dans le processus de réforme du secteur de sécurité que nous considérons comme une priorité des priorités pour assurer un développement durable de notre pays», a déclaré le ministre congolais de la Défense Chikez Diemu, à l’ouverture des travaux.

Un nouveau plan directeur

A l’issue de la table ronde, le gouvernement congolais s’est engagé à concrétiser toutes les résolutions contenues dans un plan directeur général. Ce plan directeur définit les besoins prioritaires pour chaque secteur. Dans un rapport final lu par le ministre congolais de la Défense, les participants ont recommandé notamment une armée de l' »excellence » en privilégiant la qualité dans le recrutement. Sur le plan militaire, la table ronde a adopté la mise en place d’une coordination congolaise chargée d’étudier les contributions au programme de dissuasion de l’armée ainsi que les programmes en cours, notamment le recyclage des bataillons par la MONUC, la formation et l’équipement des unités polyvalentes du génie.

Ils ont également recommandé un contrôle rigoureux des effectifs à travers un recensement biométrique, la mise sur pied d’une force de réaction rapide « capable d’assurer la relève de la Monuc », de sécuriser l’est du pays et de réaliser les missions constitutionnelles dévolues à l’armée, ainsi qu’une force de couverture pour « appuyer la reconstruction des infrastructures civiles et militaires ». « L’objectif est d’avoir d’ici 2020 une armée efficace capable de défendre à tout moment l’intégrité du territoire congolais », a déclaré M. Diemu.
En ce qui concerne la police, les participants ont recommandé à court terme la mise sur pied d’une police civile « respectueuse des droits et libertés fondamentaux des citoyens » ainsi que l’amélioration des conditions de travail des policiers, dont les effectifs sont estimés actuellement à 80.000 hommes.

L’appui des partenaires

Dans ce cadre, les partenaires de la RDC ont pris trois décisions pour concrétiser cette réforme. Il s’agit de l’appui à la mise en œuvre d’un outil de gestion des ressources humaines, de l’assistance à la police de proximité ainsi que de la mise en place des dispositifs de contrôle interne et externe de cette police.
L’Union européenne participe depuis 2005 aux projets de réforme de la police et de l’armée en RDC, à travers ses missions d’appui et de conseil Eupol et Eusec (Un sous-officier luxembourgeois fait partie de l’Eusec). Ce plan de réforme vise également la restructuration des services de sécurité (l’Agence nationale de renseignements et la Direction générale de migration) ainsi que le secteur de la justice.
Le chef de délégation de la Commission européenne, Richard Zink, a réaffirmé l’engagement de l’UE à appuyer ce processus, rappelant que le développement n’est possible sans la paix et la sécurité.

Pour sa part, la Monuc recommande la cohérence dans l’exécution du programme. «Nous renforçons notre collaboration dans une approche cohérente afin d’assurer la mise en application rapide des mesures de réforme», a souligné le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, Alan Doss. Pour lui, ce programme de la réforme de la Police nationale congolaise ainsi que la réhabilitation de l’appareil judiciaire et de sécurité s’inscrivent dans la continuité des acquis du processus électoral. «Je voudrais, cependant, réitérer un principe fondamental qui doit guider tous nos efforts dans ce secteur. A savoir, l’appropriation d’une direction nationale du processus de réforme afin d’en garantir véritablement le succès dans la durée», a-t-il conclu.

Rendre la justice plus efficace

Dans le secteur de la justice, la table ronde a adopté la capitalisation des projets de cartographie des institutions judiciaires et services pénitentiaires ainsi que l’allocation des ressources budgétaires conséquentes. Là aussi la volonté des partenaires à participer à la matérialisation de ces projets a été déclarée. Une fiche de souscription est ainsi ouverte à leur intention.
Le ministre Tshikez a ajouté que l’apport annoncé des partenaires extérieurs constitue une raison de plus pour attendre l’exécution des résolutions prises à la table ronde sur la réforme du secteur de sécurité en RDC. « Nous avons entendu les partenaires dire: nous sommes là pour vous accompagner. Nous allons voir aux actes», a-t-il rappelé.

La RDC sort d’une guerre régionale de près de cinq ans (1998-2003). L’armée et la police de ce pays, constituées des éléments issus de différentes factions ex-belligérantes, sont en cours de restructuration depuis 2004. Au total, 15 nouvelles brigades dites « intégrées » ont été formées et sont actuellement déployées sur le terrain. A ce jour, le Programme national de désarmement, démobilisation et réinsertion sociale (PNDDR) estime à plus de 100.000 le nombre d’ex-combattants démobilisés, dont plus de 30.000 enfants.

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