« L’opération turquoise » : la fiction française s’empare du génocide rwandais


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La chaîne de télévision française Canal + propose une nouvelle fiction, un téléfilm d’Alain Tasma diffusé ce lundi soir à 20h50, qui se penche sur une période assez trouble de l’histoire : le génocide rwandais. « Opération turquoise » nous ramène 13 ans en arrière, ce jour du 19 juin 1994 où le premier contingent de l’armée française pénètre au Rwanda afin d’ « ouvrir les portes » aux 2500 soldats français qui vont suivre.

Après s’être penché sur l’affaire Elf dans le film « Les prédateurs », Canal + récidive avec la diffusion, ce soir, en crypté, d’une fiction baptisée Opération turquoise. Ce téléfilm retrace le jour d’arrivée des unités d’élites de l’armée française au Rwanda. Le 19 juin 1994, un contingent d’environ cent cinquante hommes placé sous les ordres du commandement des opérations spéciales (COS) arrive en territoire rwandais. Dans ce groupe d’hommes, très peu connaissent l’ampleur du génocide qui a fait au moins 800.000 victimes dans la population tutsie. Ils ont une seule et même mission : ouvrir les portes aux 2 500 soldats qui vont suivre et protéger les personnes déplacées, des réfugiés et des civils en danger au Rwanda. L’opération turquoise est lancée.

Ce téléfilm d’Alain Tasma est le premier à s’attaquer au rôle de la France dans le génocide des tutsis au Rwanda et a fortiori à l’opération politico-humanitaire de l’armée française. C’est l’histoire de ces militaires qui, du jour au lendemain, poussés par l’ONU et Paris, ont dû faire face à des situations autant absurdes que scandaleuses. Tantôt acclamés, tantôt haïs, ils ne savent rien de ce massacre. Qui sont les agresseurs et les agressés ? Qui est tutsi ? Qui ne l’est pas ? Des questions qui se perdent dans le silence. Ils découvrent ,incrédules, l’horreur de ces charniers à ciel ouvert et de ce génocide qui se poursuit sur les collines.

Alain Tasma, un maître à l’ouvrage

Alain Tasma, réalisateur, et Gilles Taurand, co-scénariste de ce téléfilm ne recherchent pas le voyeurisme. C’est avec humilité et rigueur qu’ils interpellent le public. « Cette fiction n’a aucunement pour objectif d’imposer une quelconque vérité au téléspectateur mais de lui permettre, à partir d’un choix précis de situations et d’un échantillon représentatif de personnages, de s’interroger sur les ambiguïtés et les contradictions profondes de l’humanitaire mêlé au politico-militaire », estime Alain Tasma.

Une fiction hors du commun réalisé par Alain Tasma qui avait déjà signé « Nuit noire » en 2005. Un film poignant sur la nuit du 17 octobre 1961 où des manifestants algériens du Front de libération nationale (FLN) sont jetés dans la Seine sur ordre du préfet de police, Maurice Papon. Les films d’Alain Tasma sont une quête de la vérité, sans sentimentalisme larmoyant, sans voyeurisme effréné. Une recherche presque journalistique de l’information. Le téléfilm a été tourné au Rwanda avec la participation de la population, ce qui rajoute à son réalisme.

« J’ai pourtant la conviction qu’il fallait raconter cette histoire, qu’il fallait mettre des images sur ce que l’on n’avait pas vu, qu’il fallait dire, montrer, questionner. Et qu’il fallait le faire avec honnêteté, avec pudeur mais aussi avec une nécessaire brutalité ». Tels sont les propos d’un réalisateur qui ne dissimule pas son implication.

Opération turquoise est une fiction étonnante. Une page d’histoire pour la première fois révélée à la télévision française

Photographie extraite du téléfilm d’Alain Tasma

Opération Turquoise, un film de 110 minutes réalisé par Alain Tasma, le 19 novembre à 20h50, sur Canal +

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