Monsieur le professeur, on ne peut traiter impunément son élève de « bamboula »


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Une semaine après sa condamnation pour injures racistes, l’enseignant français s’est expliqué sur les « bamboula » et autres insultes proférées à l’encontre d’un élève de 17 ans, d’origine angolaise.

« Je lui avais simplement dit de retourner chez lui s’il ne voulait pas travailler. Je ne suis pas raciste », a-t-il affirmé, mardi, dans les pages du Figaro. « Je regrette sincèrement ce que j’ai dit mais je ne mérite pas un tel acharnement politico-médiatique » a ajouté le professeur condamné, la semaine dernière, à un mois de prison avec sursis et 1 500 euros d’amende, pour avoir tenu des propos racistes à l’encontre de Chouaib, 17 ans, un lycéen d’origine angolaise.

Mais qui est la victime ?

Monsieur le professeur se trompe. Il n’est pas la victime de cette histoire. Et employer le terme d’« acharnement politico-médiatique » à son égard reviendrait à souhaiter que ce genre d’affaires, qui sont loin d’être des cas isolés, soient tues. « J’aurais tué quelqu’un, ça n’aurait pas fait plus de bruit », a-t-il déclaré, ne craignant pas de recourir aux comparaisons les plus outrées. Comme si le fait d’insulter publiquement un jeune homme n’avait pas d’importance ! Comme si de tels actes devaient être, au mieux, relégués à la case « faits divers » des journaux ! Non, de tels propos ne devraient pas être tenus dans l’enceinte d’un établissement scolaire publique, garant du respect de la loi. Il est, par conséquent, fort appréciable qu’ils soient médiatisés. Car la vraie victime est le jeune homme invectivé, et tous ceux qui se sont sentis blessés par les insultes de l’enseignant.

Il est difficile de donner foi aux justifications du professeur quand il dit : « J’ai appelé ce garçon bamboula. Je n’aurais pas dû. Mais dans mon esprit, c’était pour stigmatiser son comportement car il était extrêmement bruyant, remuant. Je n’en pouvais plus. » L’argument ne tient pas. Si Chouaib avait été blond aux yeux bleus, l’aurait-il appelé « Bamboula » ? La réponse est évidente. Surtout lorsqu’on sait que cet ignoble « bamboula » n’a pas été la seule insulte adressée à l’adolescent. N’oublions pas les « Ne prends pas ma règle tu vas la salir » et autre « Chouaib, souris la nuit, sinon je vais t’écraser ». S’il ne s’agit pas de racisme, qu’est ce que c’est alors ? Sous prétexte d’une sur-médiatisation, faudrait-il laisser en paix des personnes qui profèrent de telles paroles ?

Ne pas minimiser le racisme et ses effets

L’enseignant aurait eu une année difficile, ce qui expliquerait la nature de ces propos, avance l’avocat de la défense. Selon le professeur de mathématiques, Chouaib arrivait « avec un MP3 sur les oreilles et répondait à son téléphone portable. Il faisait le chahut, dansait, chantait en classe, m’empêchait de faire cours. N’obéissait à aucune de mes injonctions. C’était un élève perturbateur qui ne travaillait pas ». Même s’il n’était pas un élève modèle, encore une fois, en quoi cela justifie-il des insultes, qui plus est racistes ?
Ce genre d’affaire n’est pas à minimiser comme le souhaite l’enseignant. Il ne s’agit pas d’acharnement médiatique ni de d’harcèlement. Ses propos ont été désobligeants et humiliants. On appelle ça du racisme, un délit condamné par la loi française.

De tels procès, relatifs au racisme « quotidien » n’ont pas lieu tous les jours. Peut-être que le cas présent servira d’exemple. Peut-être fera-t-il réfléchir certaines personnes aux propos douteux qu’ils tiennent parfois. Néanmoins, une chose est sûre : le professeur fautif est actuellement dans la peau de quelqu’un que l’on montre du doigt, comme l’était Chouaib lorsqu’il l’appelait « bamboula ». Gageons que, de se trouver dans cette position inconfortable, l’amènera à se remettre en question.

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