Deux migrants subsahariens tués par balle par les forces de l’ordre marocaines


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Deux migrants clandestins subsahariens qui tentaient de rejoindre les Canaries par la côte du Sahara occidental ont été abattus par les forces de l’ordre marocaines. Un communiqué publié mardi par la wilaya de Laâyoune indique qu’une enquête a été ouverte. Un collectif d’associations marocaines dénonce le zèle avec lequel le Maroc s’inscrit dans la politique de répression voulue par l’Union européenne.

« Ils n’ont pas obtempéré » aux injonctions d’usage. C’est par ces mots que la wilaya de Laâyoune a expliqué mardi, dans un communiqué, ce qui a poussé les forces de l’ordre marocaines à ouvrir le feu et tuer deux migrants clandestins d’origine subsaharienne. Les deux hommes tentaient de rejoindre les îles Canaries en compagnie de 37 autres migrants depuis la côte du Sahara occidental. Deux d’entre eux ont été grièvement blessés alors que 27 ont été interceptés et six ont réussi à prendre la fuite.

L’agence marocaine MAP (Maghreb arab press), qui a consulté le communiqué de la wilaya, indique que « les clandestins subsahariens ont tenté de forcer le dispositif de surveillance en place, obligeant les éléments du poste à procéder à des tirs de sommation ». Afrik n’est pas parvenu ce mercredi à joindre l’administration de la capitale du Sahara occidental pour savoir ce qui s’est passé par la suite. La wilaya indique qu’une enquête a été ouverte pour établir les circonstances exactes du drame… ainsi que pour déterminer les réseaux sur lesquels les migrants se sont appuyés.

« Ils ont pris les balles par derrière »

Hicham Rachidi, membre de l’AFVIC (Association amis et familles des victimes de l’immigration clandestine), craint que les migrants ne soient rapidement refoulés vers Oujda, à l’Est du pays, « un grand centre de détention à ciel ouvert », afin que les traces du drame soient effacées. « Nos collaborateurs sur place n’ont pu accéder aux migrants arrêtés, pas plus qu’une équipe de télévision de 2M qui tentait d’entrer en contact avec eux », a-t-il indiqué à Afrik.

Quant aux informations de la wilaya selon lesquelles les tirs ont fait suite à la tentative des migrants de « forcer le dispositif de surveillance en place » : « je suis très étonné, explique-t-il. Car ces personnes tentaient de quitter le territoire marocain et ils ont pris les balles par derrière, selon des témoins que nous avons pu joindre ». Après l’avoir dans un premier temps nié, les forces de l’ordre marocaines ont récemment admis avoir tiré et tué onze migrants qui tentaient de rejoindre les enclaves de Ceuta et Melilla en septembre et octobre 2005.

« Le Maroc s’inscrit de manière ostentatoire dans la politique de répression des flux migratoires voulue par l’Union européenne (UE) et l’applique avec excès de zèle », dénoncent dans un communiqué des associations marocaines et étrangères [[ABCDS (Association Beni Znassen pour la culture, le développement et la solidarité), AFVIC (Association amis et familles des victimes de l’immigration clandestine), ARCOM (association des réfugiés et demandeurs d’asile congolais au Maroc), ATTAC-Maroc, Cimade, CMSM (Conseil des migrants subsahariens au Maroc), Fluechtlingsrat Hamburg (Conseil des réfugiés Hambourg), GADEM (groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants), Homme et environnement, RSF Maroc (Réfugiés sans frontière)]]. Elles rappellent qu’une violente descente policière dans un campus étudiant, avec bâtons, ceintures et chiens, le matin du 26 juillet dernier, a conduit à l’arrestation de près de 450 personnes, migrants et demandeurs d’asile compris, dont six femmes et deux enfants dont l’un âgé de 4 ans. Tous auraient été conduits vers la frontière algérienne et abandonnés là après avoir été allégés de leurs téléphones portables.

Droits photo : Afrik. Barrage de la gendarmerie royale à la frontière du Maroc et du territoire non-autonome du Sahara occidental

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