L’avocat Karim Achoui abattu : le milieu sans défense


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Maître Karim Achoui est une figure du barreau parisien : abattu vendredi 22 juin de deux balles dans le dos, il se débat ce soir entre la vie et la mort. Avocat des grands voyous du milieu, il affichait, parti de rien, une réussite sociale exemplaire… Peut-être pas sur tous les plans!

Un parcours social éclatant pour un jeune de banlieue d’origine algérienne, exceptionnellement doué, qui avait souvent frôlé l’illégalité, mais dont l’intelligence déliée avait fait, depuis quelques années, l’avocat du milieu parisien, et en particulier des frères Hornec, qui sont probablement les parrains actuels du milieu du crime dans la capitale française.

Trois coups de feu

Il était approximativement 22h00, vendredi soir, lorsque Maître Karim Achoui est sorti de son cabinet nouvellement aménagé boulevard Raspail, dans le quartier le plus côté de la capitale française… Il se dirigea vers son véhicule, une mini-Austin garée non loin de là, quand il avisa un homme casqué marchant vers lui une arme à la main. « Non! » cria-t-il en prenant immédiatement la fuite, courant sur le trottoir, devant les vitrines éteintes.

Trois coups de feu claquèrent, le premier brisant une glace, le deuxième et le troisième frappant l’avocat dans le dos, en haut de la cuisse gauche, puis au niveau de l’omoplate, à quelques centimètres du coeur. Karim Achoui s’effondre, le tueur rejoint alors rapidement une petite moto, qui attendait devant la station Shell, dont le pilote démarre immédiatement : ils tournent à l’angle de la rue de Grenelle et s’échappent entre les façades grises des ministères. La police relèvera peu après 3 douilles de calibre 45.

Un petit kabyle aventureux

D’origine kabyle, une mère assistante maternelle, un père ouvrier chez Renault, Karim Achoui avait choisi de mettre son intelligence au service de sa réussite. Ses études de droit lui avaient donné accès à la profession d’avocat, et rapidement il était devenu un excellent pénaliste, n’hésitant pas à se frotter aux dossiers les plus dangereux. Agé de 39 ans, « l’Avocat du milieu » avait confié récemment au journaliste Frédéric Ploquin « qu’aujourd’hui un avocat peut bien se prendre deux balles« . Il ne pensait peut-être pas prophétiser sa propre destinée…

Mais il avait conscience que la Loi du milieu pouvait être expéditive… Même pour son défenseur attitré! Pour tout un chacun, le sort peut renverser un destin, mais parmi les truands, c’est la mort qui l’achève. Et Karim Achoui travaillait trop près des grands truands pour éviter tout à fait les risques qui les guettent…

Entre la vie et la mort

Rapidement arrivées sur les lieux, les équipes du SAMU ont conduit Maître Karim Achoui à l’hôpital Georges Pompidou, à Paris, où il a été accueilli en urgence et où il est actuellement soigné, sous forte protection policière. Même si les médecins voulaient encore croire dimanche 24 juin à la possibilité de le sauver, la gravité de ses blessures laisse redouter que son parcours brillant puisse s’être arrêté là, sur le trottoir doré de ce boulevard Raspail, qu’il avait voulu le signe éclatant de sa réussite.

Les policiers ont commencé à examiner ses coups de téléphone les plus récents, et les dossiers sur lesquels il travaillait : la cause de ce guet-apens pourrait bien s’y lire…

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