Le tabac, une nouvelle menace pour les Africains


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Le tabac fait de plus en plus d’adeptes dans les pays africains. La menace que représente le tabagisme se précise en Afrique, a contrario de l’Europe où elle se dissipe progressivement. L’Organisation mondiale de la santé profite de la célébration, ce jeudi, de la Journée mondiale sans tabac pour inviter les Etats africains à appliquer leurs lois interdisant de fumer dans les lieux publics.

Les pays africains sont ceux qui dans le monde en développement enregistrent la plus forte hausse du taux de consommation du tabac par an (4,3%). Outre le poids économique que représentera la prise en charge des maladies dues au tabac – 2 à 7% du PIB selon les pays -, il empêchera le continent de faire efficacement face à d’autres fléaux comme le sida ou le paludisme. La communauté internationale célèbre ce jeudi la Journée mondiale sans tabac placée sous le thème « Pas de fumée à l’intérieur, des espaces 100 % non fumeurs – les créer, en profiter ». L’organisation internationale souhaite ainsi mettre l’accent sur la nécessité de protéger les non-fumeurs du tabagisme passif. Si chez les fumeurs, il peut provoquer des cancers (pas seulement des poumons, mais aussi de l’œsophage ou encore de la vessie), il s’avère tout aussi nocif pour ceux qui subissent la fumée du tabac. Elle est responsable de cardiopathies et de graves maladies respiratoires et cardiovasculaires. De même, chez les enfants, le tabac provoque de graves maladies et peut être à l’origine de l’aggravation d’affections respiratoires déjà existantes, comme l’asthme.

Alors qu’en Europe, la lutte contre le tabagisme est devenue un enjeu de santé publique et que des résultats concrets commencent à se faire jour (88% des Européens sont par exemple favorables à une interdiction de fumer au travail et dans les lieux publics), le fléau prend de l’ampleur dans les pays en développement et en particulier sur le continent africain. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 75 % des fumeurs et près de 60 % des 5,7 millions de cigarettes fumées chaque année dans le monde se trouve dans les pays en développement. Ces derniers enregistrent aussi plus de la moitié des décès liés au tabac. D’ici 2030, si la tendance actuelle se maintient, 8 décès liés au tabac sur 10 surviendront dans ces pays. Ils constituent, surtout en Afrique, de nouveaux débouchés pour les industriels du tabac dont la croissance est mise en péril par les nouvelles réglementations adoptées en Occident pour faire régresser le tabagisme.

Un eldoardo pour l’industrie du tabac

Selon le Dr Luis Gomes Sambo, le directeur régional Afrique de l’OMS, (OMS/Afro), ils cibleraient en priorité les jeunes y compris les enfants. Une enquête de l’OMS/Afro constate ainsi qu’en Afrique 20% des jeunes fument dans les milieux scolaires. « La plupart des gens dans notre région, a expliqué le responsable de l’OMS, ne sont pas informés sur les conséquences sanitaires, économiques et sociales liées à la consommation et à l’exposition au tabac ». Le cancérologue Adama Ly, à l’origine de la publication Le cancer en Afrique, récemment édité par l’Institut national du Cancer (France), estime pour sa part que les cancers dus au tabac « risquent d’exploser » sur le continent africain, d’ici 2020, si rien n’est fait.

Le tabac tue 5 millions de personnes par an : il est la deuxième cause de mortalité et le quatrième facteur de risque de morbidité dans le monde. La convention-cadre pour la lutte anti-tabac de l’OMS est l’un des moyens mis à la disposition des pays africains pour lutter contre l’exposition à la fumée du tabac. Elle a été ratifiée par 31 pays africains. Cependant, bien que la plupart des Etats de la zone Afrique dispose d’une législation qui interdit de fumer dans les lieux publics, elle n’est pas appliquée. Le Dr Luis Gomes Sambo, dans son message à l’occasion de cette Journée sans tabac, a donc exhorté les responsables africains à veiller à une « application effective » de ces lois. Autrement dit, le tabac est une menace évitable, mais encore faut-il s’en donner les moyens.

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