Jamel Debbouze interdit de séjour en Algérie


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Le célèbre comédien franco-marocain, Jamel Debbouze, a essuyé une fin de non-recevoir à sa demande de visa d’entrée en Algérie. Il devait y faire le week-end dernier la promotion du film Indigènes dans lequel il tient le rôle principal.

C’est le producteur lui-même, Jean Bréa, qui a confirmé la (mauvaise) nouvelle samedi. « Les autorités algériennes ont refusé de délivrer un visa au comédien Jamel Debbouze qui désirait se rendre en Algérie pour présenter le film Indigènes », a, en effet, indiqué samedi à Paris le producteur Bréa. Ce dernier a ajouté qu’il ignorait les raisons de ce « niet ». Le producteur précise que le comédien a déposé une demande de visa pour l’Algérie depuis une « quinzaine de jours », en prévision de la présentation du film sur les anciens combattants coloniaux. Une précision qui a le mérite de battre en brèche l’autre rumeur selon laquelle le concerné n’aurait pas demandé le précieux document.

Les autorités algériennes refoulent le comédien

On sait, désormais, que ce sont les autorités algériennes qui ont sciemment refusé d’accueillir le comédien dans la mesure où même la chargée de la promotion du film, Caroline Aymard, a également avoué, samedi à Alger, que Debbouze n’a pas obtenu son visa. Il faut dire que cette décision était déjà dans l’air puisque toutes les administrations directement concernées par cette affaire n’ont pas voulu confirmer ni infirmer la nouvelle. Ni le ministère des Affaires étrangères ni celui de la Culture n’ont répondu à nos questions durant toute la journée de samedi alors que le consulat d’Algérie à Paris était resté injoignable. Ce silence calculé dénote, à l’évidence, le souhait des autorités à ce que « ce refus » pas très diplomatique, ne fasse pas les choux gras des médias.

Or, il s’agit tout de même d’un grand comédien qui plus est participe dans une œuvre cinématographique qui, curieusement, renforce l’argumentaire des autorités algériennes sur les bienfaits de la présence des indigènes dans… l’armée française. Même le président français Jacques Chirac a dû céder à l’émotion du film en décrétant, tout de suite après, la mise à niveau des pensions des anciens combattants issus des ex-colonies françaises avec celles des nationaux de la métropole. Ce fut là le premier avantage collatéral d’un film qui n’aurait pu voir le jour sans le talent du réalisateur Bouchareb mais surtout de Jamel Debbouze.

L’épineuse question du Sahara Occidental

Il se confirme ainsi que cet artiste est officiellement déclaré persona non grata en Algérie. Son péché ? Avoir soutenu la version marocaine (son pays d’origine) relative au conflit du Sahara-Occidental. C’est du moins la seule « lecture » qui pourrait être faite de ce refus en l’absence d’une explication officielle des autorités. Quelle ne fut la surprise des nombreux fans algériens de Jamel Debbouze de voir son spectacle annulé sine die. On a découvert qu’il était un sympathisant du roi et de « l’intégrité territoriale de son royaume ».

Au-delà du fait que les positions, « accessoirement politiques » de Jamel Debbouze soient parfaitement compréhensibles par le fait même qu’il soit sujet de Sa Majesté, on se demande pourquoi les autorités marocaines n’ont pas fermé les portes devant Khaled et Mami qui font un tabac à Casablanca, Marrakech et Rabat. Faut-il donc exiger de toutes les célébrités qui veulent venir en Algérie de montrer patte blanche sur le dossier sahraoui avant de leur accorder le fameux visa ? Cela rappelle étrangement les péripéties vécues par un autre monument de l’art, Enrico Macias en l’occurrence qui, en 2000, n’a pas pu faire son pèlerinage dans son pays natal pour avoir soutenu Israël par rapport à la Palestine. C’est dire, tout compte fait, que les autorités algériennes ont encore une fois maladroitement politisé une histoire d’artiste pour lui donner une dimension malheureusement scandaleuse. Et au train où vont les choses, même Zinédine Zidane devrait subir un test s’il était politiquement correct avant de renter chez lui…

Hassan Moali

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