Ouganda : Joseph Kony à Ri-Kwangba ?


Lecture 4 min.
arton10412

Le chef des rebelles du Nord de l’Ouganda a rejoint son numéro deux, selon plusieurs agences de presse, dans un camp neutre du Sud-Soudan. Le gouvernement de Kampala a refusé d’infirmer ou de confirmer la nouvelle, annoncée par le chef de la délégation dissidente en pourparlers de paix avec le pouvoir.

Joseph Kony serait à Ri-Kwangba. Selon plusieurs agences de presse, le leader de l’Armée de résistance du Seigneur (ARS) a rejoint, ce lundi, son numéro deux Vincent Otti dans ce camp neutre du Sud-Soudan. « Ils sont tous les deux dans le camp et nous sommes sensés les rencontrer aujourd’hui [lundi] pour des consultations », a expliqué à Irin Martin Ojul, chef de la délégation de l’ARS qui négocie la paix avec le gouvernement. Une affirmation qu’un responsable gouvernemental proche des pourparlers a refusé d’infirmer ou de confirmer, estimant que cette responsabilité revenait aux rebelles ou à l’Armée de libération du peuple soudanais (ALPS) – médiateur du conflit inter-ougandais. Par ailleurs, le porte-parole de l’armée ougandaise, Felix Kulayigye, a affirmé que Joseph Kony n’avait pas bougé de sa cache dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo, selon l’agence Deutsche Presse – Agentur.

Processus sur la bonne voie

Alors que les négociations doivent reprendre cette semaine à Juba (Sud-Soudan), les discussions de deux jours prévues, ce lundi, entre Joseph Kony, Vincent Otti et la délégation de l’ARS devraient concerner la libération des femmes et enfants enlevés par les combattants, l’application de l’accord de cessez-le-feu du 26 août, des modalités d’un accord de paix global ou encore la nomination de leurs deux représentants au sein de l’Equipe de gestion de cessation des hostilités.

Les rebelles avaient jusqu’à ce mardi pour se rendre dans le camp de Ri-Kwangba (près de la République démocratique du Congo) et de Owiny-Ki-Bul (près de la frontière soudanaise). Malgré la crainte d’être arrêtés pour crimes de guerre et contre l’humanité, les combattants étaient, dimanche, « 804 » à Owiny-Ki-Bul et « 800 » à Ri-Kwangba, selon un recensement des leaders locaux et de l’APLS rapportés par le quotidien ougandais New Vision. Trois autres groupes de soldats sont attendus à Owiny-Ki-Bul.

De l’avis des autorités, le processus de paix semble sur la bonne voie surtout si la présence de Joseph Kony dans le camp sud-soudanais est avérée. Mais certains estiment que les mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale de la Haye (CPI, Pays-Bas) ralentissent le processus. Jan Egeland, sous-secrétaire général des Nations Unies (Onu) chargé des affaires humanitaires, a déclaré que le Conseil de sécurité de l’Onu devait se concentrer sur la paix plutôt que sur ses mandats d’arrêt. L’organisation non gouvernementale International Crisis Group, qui s’attache à la prévention et à la résolution des conflits, indique, pour sa part, dans un document de 20 pages publié ce week-end que ces mandats sont un obstacle majeur pour la suite des discussions.

Le gouvernement prêt à reconstruire

Le gouvernement a accordé l’amnistie aux rebelles s’ils signent un accord de paix global. Ce qui n’est pas du goût de la CPI, qui reste sur sa position et a demandé au pouvoir de lui rendre pour le 6 octobre un rapport faisant état des avancées dans les arrestations- dont celle de Joseph Kony et Vincent Otti – qu’elle a requises. La ministre de la Défense, Ruth Nankabirwa, a répliqué que « la position de l’Ouganda sur les inculpations sera déterminée par le résultat des négociations de paix de Juba », selon les propos rapportés par le journal The Monitor.

« Nous sommes convaincus qu’une sortie mutuelle acceptable » peut être trouvée, d’après le ministre des Affaires internes, Ruhakana Rugunda. Qui ajoute : « Nous pouvons avoir la paix dans le Nord de l’Ouganda, avoir la justice et aussi avoir la justice sans cautionner l’impunité ». Car l’ARS est notamment accusée d’avoir commis des massacres, mutilé et enrôlé des enfants soldats. Depuis 1988, date de l’entrée en guerre contre le régime du Président Yoweri Museveni, la guerre a fait des dizaines de milliers de morts et entre un et deux millions de déplacés.

Le gouvernement se tient prêt pour l’après-guerre. Ruhakana Rugunda, également chef de la délégation gouvermentale pour les négociations de paix, a déclaré à la radio Voice of America que Kampala a préparé un programme de « reconstruction et de développement des zones affectées par le conflit dans le Nord de l’Ouganda ».

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News