Ex-squatteurs de Cachan : environ 200 d’entre eux seront relogés d’ici l’hiver


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Les ex-squatteurs de Cachan, qui ont trouvé abri dans un gymnase municipal, sont priés par le maire de la ville de le libérer d’ici lundi, date de la rentrée scolaire. Alors que la préfecture du Val-de-Marne ne prévoit de reloger que 102 familles d’ici l’hiver, soit un peu plus de 200 personnes sur les 535 expulsés, selon les chiffres des autorités préfectorales.

Le lundi 4 septembre, date officielle de la rentrée scolaire, s’annonce comme une journée difficile pour les ex-squatteurs du bâtiment F de Cachan expulsés, le 17 août dernier, du plus grand squat de France. Le maire socialiste de Cachan Jean-Yves le Bouillonnec, qui leur avait « offert l’hospitalité » dans un gymnase de la ville, souhaite que ces derniers quittent les lieux lundi. M. Bouillonnec a indiqué ce vendredi qu’il ne rechignerait pas à saisir la justice pour atteindre son objectif. La menace est d’autant plus sérieuse que Nicolas Sarkozy, le ministre français de l’Intérieur, a indiqué jeudi que l’affaire était « maintenant (…) (le) problème » du maire. « Nous n’avons également pas l’intention de rester ici, a indiqué vendredi Fidele Nitiéma, délégué général du bâtiment F et l’un des porte-paroles des expulsés, si M. Sarkozy s’en lave les mains…il y a le Président de la République. »

Cent deux familles en situation régulière seront relogées

Dans un communiqué de presse datant de ce vendredi, la préfecture du Val-de-Marne a précisé qu’elle ne proposerait des logements qu’à 102 familles, dont 30 célibataires, en situation régulière. Soit un peu plus de 210 personnes. Les autorités préfectorales s’appuient sur un recensement effectué en 2004 et validé par les squatteurs. Estimant que le nombre de candidats potentiels au logement ne cessait d’accroître, la préfecture a rendu public dans le même communiqué ces chiffres, sur la base d’un recensement effectué le 31 août, quant au nombre de personnes expulsées du bâtiment F. Elles seraient 535 et 235 auraient été hébergées à l’hôtel le 17 août. Certains, selon M. Nitiéma, seraient revenus dans le gymnase, où 150 auraient effectivement pris place pendant que 150 autres recourraient à d’autres solutions. Joint au téléphone dans la soirée de jeudi et interrogé sur les suspicions de la préfecture du Val-de-Marne, Fidele Nitiéma constate que « ceux qu’ils voient le jour ne sont pas ceux qu’ils voient la nuit ».

La préfecture a, par ailleurs, précisé qu’elle ne souhaitait pas reloger les sans-papiers. Raison pour laquelle, les ex-squatteurs, en majorité africains et pour la plupart en situation régulière ont refusé, outre des raisons de commodité, d’être relogés à l’hôtel. M. Nitiéma estime qu’il s’agit d’un piège et en veut pour preuve « les arrestations – 6 APRF (arrêté préfectoral de reconduite à la frontière) – qui ont été effectuées jeudi à l’hôtel Ibis d’Orly (région parisienne) ». Ainsi M. et Mme Dumbia, enceinte, qui avaient acceptés d’être relogés le jour de l’expulsion, sont au centre de détention et leur enfant de deux ans et demi leur a été enlevé. Une manifestation organisée par le comité de soutien et les 1000 de Cachan aura lieu cet après-midi à 17 h pour exiger que l’enfant soit rendu à ses parents ou à des proches.

Dans les mains de Dieu

La pression policière semble donc être de mise. « Deux femmes ont été molestées (jeudi matin) par la police alors qu’elles se rendaient au travail dans le cadre d’un contrôle d’identité », a indiqué Fidele Nitiéma. « Au lieu de régler la situation, ils nous traitent comme si c’était l’apartheid. Nous sommes entassées comme des sardines dans une boîte. Nous ne pouvons que nous en remettre à Dieu ! » A noter que les solutions de logement proposées par les expulsés de Cachan ont été refusées par le ministère du Logement et des Affaires sociales. Les travaux de démolition du Foyer de jeunes travailleurs, situé à quelques mètres du gymnase, loti de 300 chambres et propriété de la Caisse des dépôts et consignations (organisme financier public), ont débuté jeudi. Par ailleurs, alors que le maire de Limeil Brévanne souhaitait accueillir les expulsés dans un centre de sa localité, la préfecture du Val-de-Marne a objecté qu’il était impropre à l’habitation parce qu’amianté. Argument que réfute la commune.

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