La Norvège suspend le financement d’un projet routier en Tanzanie


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Le statut convoité de la Tanzanie
comme modèle d’utilisation efficace des fonds de développement dans
les pays du Tiers-Monde a été remis en question mardi après que la
Norvège a annoncé avoir suspendu ses programmes de financement, en
invoquant des détournements financiers massifs au sein des agences
gouvernementales.

Un quotidien local cite mardi l’ambassadeur de Norvège en
Tanzanie, Inge Hermn Rydland, déclarant que Oslo suspendait ses
décaissements financiers par le biais de Tanzania Roads (Tanroads)
après la découverte d’un détournement de près de 1 million de dollars
US du compte géré conjointement par son gouvernement et Tanroads pour
la construction de routes.

Bien que le montant en question soit insignifiant en termes de
financement de développement, la mesure prise par Oslo laisse penser
à Dar-es-Salaam que la Tanzanie est montée dans l’index de perception
de la corruption.

Comparé aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, la Norvège exerce rarement
des pressions sur les bénéficiaires de son aide pour supporter ses
caprices.

« Nous avons décidé de ne pas impliquer Tanroads dans nos paiements à
l’entrepreneur et nous allons payer les factures directement depuis
la Norvège et nous n’aiderons plus Tanroads tant que la question
n’est pas résolue (par le gouvernement tanzanien) », a insisté
l’ambassadeur.

L’argent détourné était destiné à la construction de la route
Songwe-Tunduma, qui aurait désenclavé les régions du sud-ouest
isolées et pauvres du pays, non encore touchées par les
infrastructures de transport modernes.

La Norvège devient le troisième pays, ces derniers mois, à émettre
des doutes concernant l’utilisation de l’argent des donateurs par la
Tanzanie, ce qui a été créé un malaise chez les bailleurs de fonds
bilatéraux, malgré les bonnes notes attrribuées par la Banque
mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) à ce pays en
termes de lutte contre la corruption et l’institutionnalisation de la
responsabilité, la transparence et la bonne gouvernance.

Au début de cette année, l’Agence américaine pour le développement
international (USAID) a suspendu les 12 millions de dollars US
destinés au ministère de la Santé, en invoquant un détournement de
fonds qui s’est soldé par une contradiction entre l’injection de
fonds massifs dans les programmes de lutte contre le VIH/SIDA et les
résultats obtenus.

L’USAID a alors décidé d’écarter le ministère dans le décaissement
des fonds destinés aux programmes de santé, alors que le gouvernement
était encore sous le coup d’une querelle avec le gouvernement belge
au sujet de la construction d’une usine de munitions à Mwanza, dans
l’ouest du pays.

La Belgique a, depuis, suspendu son aide militaire à la Tanzanie
après que de hauts responsables du gouvernement et des officiers
militaires ont été suspectés d’encourager la fraude concernant
l’approvisionnement en équipement militaire.

Il n’y a pas eu de réaction du gouvernement, bien que le directeur
des investigations criminelles, Robert Manumba, a minimisé
l’importance de ces allégations, en assurant qu’une enquête a été
ouverte, avant de plaider pour « une solution diplomatique ».

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