Afrique : comment l’initiative privée crée de la valeur


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Etudiant Adamou du centre Songhaï à Parakou (Bénin) / DR

Comment l’initiative privée créé de la valeur en proposant un traitement alternatif au traitement social du chômage ?

(Par Mounir CHAOUKI et Ivan COSTE-MANIERE)

L’Afrique est un continent en pleine mutation socio-économique. Longtemps un continent à la traîne du développement social et économique, le continent relève de plus en plus la tête. L’initiative privée entrepreneuriale y joue un rôle de plus en plus important. Songhaï, ferme modèle dans le secteur agricole, est un cas d’école passionnant d’une ferme intégrée incubateur fonctionnant sur le modèle formation-action favorisant l’émergence d’entrepreneurs et cadres expérimentés.

Songhaï est une ferme intégrée offrant la formation, production, recherche et développement d’une agriculture durable. Du nom de l’ancien empire, Songhaï (14ème et 15ème siècle) signe de fierté et de prospérité économique, le centre Songhaï a été créé en octobre 1985 au Bénin par le prêtre dominicain Fr. Godfrey NZAMUJO (docteur en électronique, en microbiologie et en sciences de développement). Les principales raisons du fondateur étaient de redonner l’espoir à l’homme africain (homme debout/homme nouveau) de manière concrète, de faire renaître les valeurs enracinées dans les civilisations africaines, de transformer les innombrables avantages comparatifs du continent en avantages compétitifs durables aux deux sens du terme, d’utiliser judicieusement les ressources locales et apports extérieurs pour un développement rural holistique, compétitif, et respectueux de l’environnement. Une véritable application concrète des grands axes stratégiques des Agenda 21…

Selon son fondateur, le centre de production intégré est composé d’une production primaire (production végétale, production animale, production piscicole), production tertiaire d’une production secondaire avec en toile de fond une production respectueuse de l’environnement
production totale zéro déchet. Les déchets d’une section sont réutilisés dans une autre section dans rien perdre, en application du principe thermodynamique de base de Lavoisier.

Les jeunes déscolarisés ou jeunes diplômés souhaitant accéder à une formation terrain dans le secteur agricole constituent la cible prioritaire du centre pour y poursuivre un cycle de formation de dix-huit mois à Songhaï. Selon le délégué à la formation du centre Songhaï de Parakou « le centre permet de former des jeunes déscolarisés pour leur permettre de s’auto-entreprendre plus tard ». L’objectif est de développer des compétences techniques et entrepreneuriales dans le secteur agricole.

Adamo DAGONA, étudiant rencontré dans la ferme de Songhaï à Parakou en Mars 2013, titulaire d’une licence en « géographie agraire » donne le ton : « Se faire former dans la ferme me permet d’acquérir une formation terrain. Au terme de ma formation, je souhaite créer un centre d’élevage ». Plus de cinq mille étudiants ont été formés à ce jour.

Un modèle de ferme intégrée

Il s’agit d’une solution alternative efficace au traitement social du chômage en favorisant l’émergence d’une génération d’entrepreneurs et de cadres bien formés dans le secteur agricole au Bénin/Nigéria qui puisent leurs ressources et énergies dans leur motivation interne et leur envie de contribuer leur pays et continent.

L’initiative privée, au travers de ce prêtre dominicain, témoigne qu’il est possible de surpasser les contraintes socio-économiques et barrières qui caractérisent les pays en voie de développement. Elle constitue un exemple pertinent d’économie solidaire.
Allier productivité compétitivité et respect de l’environnement au travers de modèles de production et de gestion intégrée comme les fermes Songhaï constitue une démonstration lumineuse que l’Afrique (dans ce cas exemplaire le Bénin) peut effectivement relever la tête s’elle arrive à favoriser l’initiative individuelle au service d’un idéal collectif.

Une autre grille de lecture basée sur la relation entreprise-école/université permet de voir en ce modèle d’association une source de benchmark/implémentation réussie du rapprochement entre entreprise et école/université.

De tels exemples voient le jour de manière fréquente au gré de l’apparition de nouveaux business models, en Inde, au Cameroun, en Tanzanie ou en Colombie. Conjugués avec des micro-crédits, ces « modèles d’entreprises » totalement créés dès leur genèse en solutions sur-mesure transcendent les meilleures marges opérationnelles et garantissent la pérennité de ces initiatives.

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