Zimbabwe : l’Union européenne se heurte au camp Mugabe


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Le bras de fer continue entre l’Europe et le gouvernement zimbabwéen. Patrick Chinamasa, le ministre de la Justice, a reproché lundi aux vingt-sept de « saper l’unité le gouvernement d’union ». En visite le week-end dernier dans le pays pour tenter de résoudre le conflit qui oppose le Premier ministre Morgan Tsvangirai et le président Robert Mugabe, la délégation européenne a été très critiquée. Les autorités du pays reprochent à l’Europe de maintenir ses sanctions, notamment la suspension de l’aide communautaire.

L’Union européenne a été pointée du doigt par le gouvernement zimbabwéen de Robert Mugabe. Le ministre de la Justice Patrick Chinamasa, un proche du dirigeant africain, a accusé l’UE de vouloir « saper l’unité du gouvernement d’union » après une visite de deux jours dans le pays, a indiqué lundi le journal d’Etat The Herald. Ce n’est pas la première fois que les vingt-sept, présidés cette année par la Suède, s’attirent les foudres du Zimbabwe. Vendredi dernier, le président Robert Mugabe avait dénoncé l’ingérence des « sales blancs » sur son territoire. Des propos qui témoignent de l’existence de rapports tendus entre Harare et l’Europe. Si le chef de l’Etat africain se montre aussi critique, c’est sans doute en raison des sanctions qui pèsent sur son pays. Depuis 2002, suite à de graves violations des droits de l’Homme commises par le régime de Robert Mugabe, l’UE a suspendu l’aide communautaire. Et, elle a pris une batterie des mesures : la restriction des déplacements pour le président et son entourage, le gel des avoirs pour les principaux responsables des violences et la mise en place d’un embargo sur les armes. Cependant l’Europe, premier bailleur de fonds du pays, n’a jamais gelé son aide humanitaire destiné à la population. Elle aurait versé en sept ans 572 millions d’euros.

Le gouvernement d’union : la préoccupation européenne

Ces sanctions, qui visent pour la majeure partie le gouvernement du dirigeant africain, ne devraient pas être levées tant que « des garanties tangibles en matière de rétablissement de l’Etat de droit » ne seraient pas établies. Les vingt-sept exhortent à l’unité les deux adversaires, le Premier ministre zimbabwéen, Morgan Tsvangirai, et le président. « Nous pressons toutes les parties à lever tous les obstacles à l’application complète de l’accord et au bon fonctionnement du gouvernement d’union dans le pays », ont lancé vendredi l’UE et Pretoria au sommet à Kleinmond, près du Cap.

En février, un partage du pouvoir entre les deux hommes forts du pays avait été instauré sous la pression internationale, à la suite de vives tensions politiques provoquées par la défaite du régime aux élections générales en mars 2008. Depuis, malgré la mise en place du gouvernement d’union, l’ancienne opposition continue de subir l’oppression policière et les deux camps s’affrontent toujours sur certains postes essentiels, notamment celui de gouverneur de la Banque centrale et du procureur général. Selon l’accord de partage du pouvoir, le Zimbabwe doit se doter d’une nouvelle Constitution, qui devrait permettre de nouvelles élections. Mais sa rédaction est notamment retardée par une grève de sa commission réclamant le règlement d’indemnités. Samedi, la délégation européenne a eu des entretiens séparés avec le président Robert Mugabe et le Premier ministre Morgan Tsvangirai. L’essentiel des discussions ont porté sur les réformes politiques que l’UE veut voir au Zimbabwe.

L’Afrique du Sud au premier plan

Mais l’Europe n’est pas la seule à s’intéresser au sort de ce pays. L’Afrique du Sud, qui a assumé le rôle de médiateur depuis la crise politique zimbabwéenne, compte poursuivre « le dialogue politique » avec le gouvernement d’union. Elle souhaite « appuyer ses efforts » pour instaurer la démocratie. Mais à la différence des vingt-sept, le président sud-africain Jacob Zuma comme son prédécesseur Thabo Mbeki, s’est montré défavorable au maintien des sanctions alors que la situation économique du pays s’est améliorée. En particulier, depuis l’abandon de la monnaie nationale, qui ne valait plus rien après des années d’hyperinflation, et l’allègement des contrôles sur les prix qui a permis un réapprovisionnement des magasins.

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