Tunisie : l’opposition appelle à une grande mobilisation pour l’après-Ennahda


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Jusqu’à quand le parti islamiste Ennahda tiendra-t-il au pouvoir ? L’opposition tunisienne a une fois de plus appelé à une mobilisation géante du peuple contre Ennahda, ce mardi, dans l’unique but de faire tomber les islamistes, sans aucune forme de négociation possible. Les manifestations de l’après-Ennahda se poursuivent sur le sol tunisien, tandis que le parti au pouvoir lutte sur un autre front : il fait face aux groupes terroristes qui ne cessent de faire des victimes parmi les militaires.

Alors que le pays vient d’enterrer deux soldats tués lors d’une traque d’un groupe « terroriste », le parti au pourvoir, Ennahda, doit aussi faire face à une forte mobilisation organisée par l’opposition, dans le seul but de faire tomber le gouvernement. Ce lundi 5 août, plusieurs manifestants sont descendus dans les rues tunisiennes, et aucune sortie de crise ne se profilait à l’horizon. Ce qui laisse sous-entendre que l’après-Ennahda réclamée par l’opposition ne se fera pas à l’immédiat. On ne compte plus les sit-in, les grèves générales, les insurrections civiles ou autres types de manifestations survenues sur tout le territoire. L’opposition veut s’appuyer sur cette forte mobilisation pour éjecter l’Ennahda du pouvoir. De Bizerte, à l’extrême nord, à Benguerdane au sud, de Sousse à l’est à Sidi Bouzid au centre ouest, en passant par la capitale Tunis, située dans le nord, la révolution se fait entendre.

Les villes tunisiennes à l’heure des manifestations

Les détracteurs du gouvernement ne faiblissent pas. Bien au contraire, depuis le lundi 5 août, on a assisté à une montée des contestations avec comme seule alternative de sortie de crise demandée par l’opposition : la démission du gouvernement. A Sidi-Bouzid, dans le centre-ouest du pays, la police a dû faire face à un groupe de manifestants qui tentaient de pénétrer dans la préfecture régionale. Cette ville est d’ailleurs le berceau de la révolution déclenchée en janvier 2011, alimentée par l’assassinat le 25 juillet dernier du député de l’opposition, Mohamed Brahmi, originaire de la région. Ces mêmes rassemblements se constatent dans la capitale, Tunis, où une coalition hétéroclite d’opposition, composée d’une centaine de personnes, a organisé un rassemblement nocturne le lundi. A Sousse, des milliers de personnes se sont rassemblées selon la presse locale pour réclamer la chute du pouvoir en place.
Mais la plus grande manifestation se préparait pour ce mardi 6 août avec deux revendications à la clef : la démission du pouvoir en place dirigé par les islamistes d’Ennahda, et la dissolution de l’Assemblée nationale constituante (ANC). Deux réclamations rejetées aussitôt par Ennahda qui conforte sa légitimité au pouvoir.

L’après-Ennahda ?

Cette nouvelle mobilisation qui se veut imposante, est baptisée « l’après-Ennahda » et annonce une chute immédiate du gouvernement. Ce rassemblement qui sera probablement la dernière grande pression du mois de Ramadan, se veut aussi comme la dernière force avant la chute du gouvernement. L’opposition se porte en mobilisatrice du peuple tunisien en ces derniers jours de Ramadan, avant l’Aïd-el-fitr qui sera suivie par quatre jours chômés. Il faut pour l’opposition – qui a obtenu le soutien de la puissante centrale syndicale UGTT – tout faire pour faire tomber le pouvoir avant cette probable démobilisation de la foule pour cause de fête religieuse qui s’annonce pour le 7 ou 8 août. Le pari est loin d’être gagné, mais l’opposition se veut confiante.

Pendant ce temps, Ennahda tente de calmer la population en se proclamant favorable pour un gouvernement de coalition élargie, avec la promesse de tenir des élections en décembre prochain. Le chef du parti islamiste, Rached Ghannouchi, et le Premier ministre, Ali Larayedh, se sont déclarés favorables pour l’organisation d’un référendum dans le but de sortir de cette crise politique. « Les Tunisiens se prononceront pour savoir s’ils veulent ou non poursuivre le processus enclenché », a déclaré le Premier ministre. Des solutions qui ne satisfont pas l’opposition. Aucun plan consensuel pour résoudre la crise n’est à envisager pour l’heure. Seule une démission du parti des islamistes, Ennahda, au pouvoir peut satisfaire l’opposition, soutenue par une grande partie du peuple tunisien.

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