Sénégal : Tyson tire sa révérence


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La star internationale de la lutte sénégalaise, Mohamed Ndaw, alias Tyson, maître de la spécificité de cette discipline au Sénégal que constitue la frappe, a annoncé la fin de sa carrière, suite à une suspension de trois ans dont il a été l’objet lundi dernier. La veille, il avait abandonné avant la décision finale des arbitres un combat qui l’opposait à une autre grosse pointure de l’arène, Serigne Dia, dit Bombardier.

Le champion sénégalais de la lutte a rendu publique sa décision, au cours d’une conférence de presse, jeudi après-midi, mettant fin aux interrogations des Sénégalais sur l’avenir de sa carrière après que le Comité national de gestion de la lutte (CNG) a prononcé contre lui, une suspension de combats pour trois années et plus de 15 millions de FCFA d’amende.

« Je ne peux suspendre mes activités pendant trois longues années. J’ai promis à mes nombreux fans de combattre plus fréquemment, mais je préfère arrêter ma carrière que de rester les bras croisés durant tout ce temps », a déclaré Tyson.

A 35 ans et avec 12 années de carrière sanctionnées par 10 victoires et 2 défaites, le lutteur sénégalais qui a emprunté son pseudonyme à la vedette américaine de la boxe, Mike Tyson, est, incontestablement, le plus charismatique des représentants de l’arène sénégalaise, pour avoir imprimer son art des coups de poings ravageurs, le professionnalisme et la notoriété à cette discipline, élevée aujourd’hui au rang de culte au Sénégal et aussi populaire que le football.

A son arrivée dans l’arène, en 1995, Tyson, chef de file de l’écurie « Boul Falé » (Témérité, Rébellion en langue wolof), à Pikine, dans la banlieue dakaroise, a notamment mis fin, à lui seul, au règne des anciennes gloires de la lutte (Manga 2, Mor Fadam, etc.), avant de susciter la ruée des sponsors vers cette discipline, pour faire monter les cachets à une barre inédite des 25 millions.

Drapé dans un grand tissu représentant la bannière étoilée américaine, il offre, avant chaque combat dans l’arène, un spectacle d’extravagance et de bravoure, qui force l’admiration des spectateurs, même au-delà du Sénégal.

Le colosse de 1m98 et près de 135 kilos a régné sans partage dans la discipline des lutteurs lourds, puis des supers lourds, jusqu’en 2002, avant de connaître deux défaites successives devant Bombardier en 2003 et Yahia Diop dit Yékini, le 1er janvier 2006.

Le champion a popularisé la lutte sénégalaise

Mais, les amateurs de la lutte reconnaissent à Tyson d’être à l’origine de la popularité dont jouit actuellement cette discipline au Sénégal où est exclusivement pratiquée la spécificité de la « frappe », qui permet aux lutteurs de se donner des coups de poing au visage et au corps comme à la boxe.

A l’origine, la lutte au Sénégal, était une joute à caractère folklorique pratiquée dans les campagnes pour célébrer la fin des récoltes chez les ethnies Sérères et Diolas, dans le centre et le sud du pays.

C’est à partir des années 70, selon les données du CNG, que cette lutte s’est professionnalisée et s’est implantée dans les villes où les écuries se sont progressivement substituées aux villages, drainant beaucoup plus de monde et générant depuis lors, des millions de francs aux promoteurs des galas.

Le maître de la frappe, Tyson, quitte justement l’arène à un moment où les cachets sont en train de connaître une montée vertigineuse, les promoteurs annonçant actuellement la bagatelle de 100 millions de FCFA par lutteur pour les prochains grands galas.

Cette manne financière se disputera, sans doute, désormais entre les autres grands noms de la lutte sénégalaise avec frappe que sont: Bombardier, Yékini, Tapha Guèye, Gris Bordeaux, Balla Bèye et autres.

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