Sénégal : le secteur minier éclaboussé par plus de 200 sites clandestins et des titres inactifs


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Des mines
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Un audit du ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines révèle un désordre inquiétant dans le secteur minier sénégalais : plus de 200 sites clandestins, 275 titres inactifs et de nombreux manquements fiscaux et environnementaux. Face à ces dérives, les autorités promettent un plan d’assainissement pour restaurer la transparence et garantir que les ressources profitent enfin à l’État et aux populations.

Le ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines du Sénégal a révélé une situation préoccupante dans la gestion des ressources minières nationales. Un audit approfondi a mis au jour de nombreuses irrégularités, allant de l’existence de sites clandestins à des titres d’exploitation inactifs, en passant par des manquements fiscaux et environnementaux.

Un audit aux conclusions accablantes

Sur plus de 1 100 titres miniers examinés, seuls 94 ont été jugés conformes, soit à peine 8 % du total. Sur le terrain, les inspecteurs ont recensé près de 850 sites, dont plus de 200 clandestins, échappant totalement au contrôle de l’État. À ces exploitations illégales s’ajoutent 275 titres inactifs, certains expirés depuis plusieurs années mais encore exploités.

Le ministre Birame Souleye Diop a dénoncé un « fossé abyssal » entre les données officielles du cadastre minier et la réalité. Selon lui, ce désordre structurel fragilise la transparence et prive l’État comme les populations locales de ressources essentielles.

Des manquements multiples et inquiétants

L’audit pointe une série de défaillances : autorisations non renouvelées, taxes impayées, octrois irréguliers et non-respect des engagements sociaux et environnementaux par plusieurs opérateurs. Ces dérives nourrissent un climat de méfiance avec les communautés vivant à proximité des sites, déjà affectées par les impacts écologiques de certaines exploitations.

Au-delà de la fraude économique, c’est la question de la souveraineté nationale sur ses richesses qui est posée, alors que l’or, le zircon ou encore le phosphate représentent des leviers stratégiques pour le développement du Sénégal.

Un plan d’assainissement annoncé

Face à ces dérives, le ministère a promis de remettre de l’ordre. Un plan d’assainissement est en cours et inclue des journées portes ouvertes dans cinq pôles géologiques stratégiques (Thiès, Kaolack, Ziguinchor, Kédougou et Matam) afin de sensibiliser les acteurs aux règles et procédures légales.

Parallèlement, un comité d’instruction composé de vingt experts a été créé pour veiller au respect strict des textes dans l’octroi futur des titres miniers. L’objectif affiché est clair : restaurer la confiance, protéger l’environnement et garantir que l’exploitation des ressources profite aux populations et à l’État.

La révélation de plus de 200 sites clandestins illustre l’ampleur du défi qui attend les autorités sénégalaises. Si le secteur minier représente une opportunité de croissance et de création d’emplois, il ne peut jouer pleinement son rôle sans une gouvernance transparente et un encadrement rigoureux. L’enjeu est de taille : transformer la richesse du sous-sol en un moteur de développement durable et équitable.

Maceo Ouitona
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Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
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