Sénégal : jour de tension alors que Wade doit débarquer


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Alors que l’ex-Président sénégalais, Abdoulaye Wade, devait arriver à Dakar, ce mercredi, le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) a annoncé qu’il débarquerait dans la capitale, ce vendredi. La tension est montée d’un cran dans le pays, alors que le pouvoir, comme le camp de Wade, se sont accusés mutuellement de ce retard.

Il est resté bloqué, ce mercredi, à l’aéroport de Casablanca, au Maroc, alors qu’il était prévu qu’il débarque dans la journée, directement de Paris.
Ce vendredi, dans l’après-midi, celui qui est resté à la tête du Sénégal pendant 12 ans, Abdoulaye Wade, doit finalement faire son grand retour, selon un responsable de son parti, le Parti Démocratique Sénégalais (PDS). Il doit faire son grand retour après 12 ans d’absence.

Le PDS a prévu de « l’accueillir et de former un cortège », depuis l’aéroport, jusqu’au siège du parti à Dakar, selon un des responsables, Mayoro Faye. Wade y « fera une déclaration » à ses partisans, ajoute-t-il.

Il a dénoncé « des manœuvres » du pouvoir en place

Abdoulaye Wade avait accusé le pouvoir de l’avoir bloqué à l’aéroport de Casablanca alors qu’il devait arriver à Dakar dans la journée, en provenance de France. « J’ai compris depuis longtemps que Macky Sall ne veut pas que j’arrive de jour », a déclaré l’ex-Président. Il a dénoncé « des manœuvres » du pouvoir en place. Il explique avoir « attendu une heure, deux heures, trois heures » pour avoir le feu vert afin de pouvoir décoller.

Des « services officiels à Dakar (…) ont dit avoir appris la présence dans l’avion de trois Marocains dont ils n’avaient pas les identités. Ils ont raconté n’importe quoi, il n’y avait aucun Marocain autres que le pilote et l’hôtesse de l’air » décrit-il et il poursuit : « ils ont essayé de retarder pour que les gens (qui l’attendaient à Dakar) se dispersent. Mais les responsables là-bas ont renvoyé la réunion à demain (vendredi). A 16h00, je serai à Dakar (…). Il y a simplement encore quelques petits problèmes à régler pour que demain je puisse partir d’ici », rapporte l’AFP.

« Il avait choisi de me combattre, de combattre mes anciens collaborateurs »

Le gouvernement sénégalais s’est empressé de démentir ces accusations en indiquant que des modifications de dernière minute sur la liste des passagers avaient imposé une nouvelle requête auprès des autorités aéronautiques sénégalaises. Le porte-parole du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly, a accusé « Gorgui » d’avoir voulu provoquer un « effet politique » pour « discréditer » le pouvoir en se faisant passer pour une victime.

Interrogé sur RFI, l’ex-chef d’Etat attaque frontalement le président de la République, Macky Sall, qu’il accuse de persécuter notamment son fils. Karim Wade va être jugé en mai prochain pour « enrichissement illicite ». « J’ai proposé au président Macky Sall de l’aider de par mon expérience et de par mes relations à l’extérieur pour pouvoir résoudre un certain nombre de problèmes. Je me suis vite aperçu qu’au lieu de se placer dans cette direction, il avait choisi de me combattre, de combattre mes anciens collaborateurs. Il a fait une liste de vingt-cinq personnes interdites de sortir du Sénégal et il a déclenché l’opération qu’il a appelée “la chasse aux deniers mal acquis” », a affirmé le président Wade.

« Le pouvoir a contribué à faire de ce retour un événement »

Les tensions, apparues entre le PDS et le pouvoir alors que les deux parties voulaient tourner le retour d’Abdoulaye Wade à leur avantage, ont été critiquées par le mouvement Y’en a marre. « En interdisant le meeting (des partisans de l’ex-président à l’aéroport), le pouvoir a contribué à faire de ce retour un événement. Wade ramène le Sénégal dans un climat de politique politicienne, alors que le pays a tellement de défis à relever », a expliqué Fadel Barro l’un des chefs de ce mouvement fer de lance de l’opposition à « Gorgui » en 2012.

De leur côté, les autorités disent craindre un débordement. « En tant qu’ancien chef d’Etat, Abdoulaye Wade bénéficiera des avantages dus à son rang. En tant que chef de Parti, aucun privilège particulier ne lui sera réservé. L’Etat ne saurait tolérer une quelconque menace à l’ordre public », indique le porte-parole du gouvernement.

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